Sur le fleuve Amour
de Joseph Delteil

critiqué par Tistou, le 2 juin 2004
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Et les yeux éblouis
Si vous n'avez pas encore lu Joseph DELTEIL, il y a urgence. SUR LE FLEUVE AMOUR en est une bonne approche, c'est son premier livre. Le plus beau?
Tout le talent particulier de DELTEIL est déjà présent dans ce premier livre.Imaginez l'écriture d'Andrei MAKINE (tendance TESTAMENT FRANCAIS) dans laquelle on aurait injecté du Boris VIAN, pour l'excentricité et la vision surréaliste (mais pas le VIAN qui rend triste!), mâtiné de Gabriel GARCIA MARQUEZ pour l'exubérance et les couleurs tropicales. Paradoxal d'ailleurs de parler de couleurs tropicales, s'agissant du fleuve AMOUR, plutôt sibérien et mandchourien de son état! Et pourtant c'est bien ce qui ressort de cette écriture. Cette explosion de couleurs, encore et toujours. En fait pas seulement de couleurs, d'impressions aussi, d'odeurs. DELTEIL use et abuse d'adjectifs qui n'ont jamais autant mérité leur appellation de qualificatifs.
" De l'orteil, il caressa les yeux du télégraphiste, violet comme deux violettes... Il se baissa, prit le cadavre dans ses bras. Il était léger comme un vase vide. Une pellicule d'ivoire formait le front. Deux petits trains de sang s'engageaient dans les tunnels roses de ses narines ..."
A constater cette succession permanente de touches colorées et de descriptions sensorielles, on peut se demander comment le livre conserve un fil directeur et comment DELTEIL nous emmène là où il l'a voulu? Il s'agirait de peinture, on serait proche de l'impressionnisme.
Lisez-le, et vous n'abandonnerez pas Joseph DELTEIL.
J'ai loupé le rendez-vous 6 étoiles

En pleine guerre entre les bolcheviks et l’armée du Tsar, Ludmilla, Boris, Nicolas et le petit télégraphiste s’aiment sur le fleuve Amour. Pour ma part, j’ai loupé leur histoire et surtout l’écriture de Joseph Delteil que j’ai apprécié ailleurs. C’est dommage !

Catinus - Liège - 73 ans - 4 août 2019


Pour le Plaisir. 7 étoiles

« Sur le fleuve Amour « paraît en 1932. Delteil, jeune provincial « monté à Paris » et sans succès jusqu’ici, se voit pulvérisé dans le Paris littéraire et mondain. Adulé, il déchaîne les passions. Certains l’admirent , d’autres le haïssent. Un critique parlera de « littérature d’égout », un autre lui proposera de réécrire son roman en « bon français ». Aragon le présente à Breton qui s’enthousiasme pour son œuvre. Paraîtront ensuite « Choléra », « Les Cinq Sens », et « Jeanne d’Arc » qui provoquera un scandale chez les biens-pensants. Après l’avoir encensé et admis dans le cercle des surréalistes Breton le reniera et le qualifiera de « Hitler des lettres ». Il est vrai qu’avec sa « Jeanne d’Arc » Delteil s’aventurait en terrain miné.
« Sur le fleuve Amour » ou les aventures débridées de Ludmilla, commandant d’un régiment de l’armée tsariste, et de ses deux soupirants Boris et Nicolas, officiers « bolchevistes » est un feu d’artifice de métaphores, colorées, odorantes, enivrantes et sensuelles. On en prend plein les yeux et les narines et on en reste pantois. Pour le Plaisir, seulement pour le Plaisir.

Sido - Grenoble - 70 ans - 13 juin 2004