Le Manège
de Thierry Radière

critiqué par Débézed, le 14 juillet 2018
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Tourne manège !
Avec ce texte Thierry Radière franchit une nouvelle étape dans sa carrière littéraire, pour la première fois, même si ce texte a déjà connu une première version numérique, il expose un roman sur les rayons des librairies. Cette première est peut-être le signe qu’il souhaite élargir sa palette pour s’installer comme un écrivain reconnu, ce qu’il est déjà le cas dans certains autres domaines littéraires. Le passage par le roman, même s’il n’est pas un passage obligé peut-être une étape importante à franchir pour obtenir la reconnaissance des lecteurs et éventuellement pour pouvoir vivre de sa plume.

Dans ce roman Thierry Radière prête sa plume au papa de Nina, un bibliothécaire qui emmène régulièrement sa fille qu’il adore, sur le manège du terrain de jeux. Là, pendant que la fillette aux anges tourne, tourne, en essayant d’attraper la queue de Mickey agitée par Paulo le propriétaire du manège, il lit des documents sur les gitans et leur mode de vie car sa femme est certaine que son père nourricier n’est pas son géniteur. Elle est désormais persuadée que son père biologique est un gitan de passage avec un cirque. Sa famille lui ayant caché ses origines réelles, elle voudrait retrouver cet artiste itinérant, faire la connaissance de son père, connaître ses racines, et Jean-Marc, le papa de Nina, voudrait l’aider dans cette difficile quête. Si vous êtes intéressés par ce genre d’histoire vous pouvez lire « Elek Bacsik : un homme dans la nuit » de Balval Ekel (chez Jacques Flament) qui raconte la recherche d’un père inconnu, musicien de jazz. Vous trouverez dans cette lecture des affinités avec le présent roman.

Nina et Jean-Marc sont des clients réguliers, Paulo le propriétaire du manège les connait bien, les deux hommes nouent une réelle complicité pendant que la fillette, grisée par les tours du manège, est totalement absorbée par sa chasse à la queue de Mickey. Paulo n’a pas beaucoup fréquenté les bancs de l’école, il a repris le manège paternel, mais il essaie d‘écrire des poèmes que Jean-Marc lit et apprécie parce qu’il parle de la vraie vie de l’auteur, de ses émotions, des ses envies, de ses sentiments, de tout ce qui constitue son existence, du plus petit événement aux états d’âme les plus intimes. Et, progressivement, leurs chemins semblent vouloir se croiser, Paulo voudrait écrire et Jean Marc se voit bien sillonnant la France pour mettre de la lumière dans le regard des enfants.

Un texte irénique qui décrit un monde tel que l’auteur le souhaiterait, un monde où les enfants seraient choyés, où les adultes partageraient leurs passions, un monde de paix et de plaisirs simples, un monde où l’argent aurait moins d’importance que le plaisir de partager. Ce texte est aussi une réflexion sur l’écriture, sur la poésie et la roman deux genres bien différents qui peut-être même s’oppose. « Les poètes sont différents des romanciers … Les romanciers veulent avoir le dernier mot : les poètes n’ont pas besoin de le vouloir : ils l’ont naturellement en se taisant. » Peu importe cette opposition, Thierry, puisque tu as dans ton plumier aussi bien la plume du poète que celle du romancier. Il ne te manque plus que le grand texte de référence qui fera de toi l’auteur reconnu de tous et que nous sommes encore trop peu à lire. Alors sur le métier …