Au début du livre nous sommes dans une grande ville au bord de la guerre civile, quelque part au Moyen-Orient. L’auteur ne nous dira jamais le nom de la ville, mais à certains détails qu’il nous donne dans la première partie du livre on comprend que nous sommes à Kaboul en Afghanistan. Nous faisons la connaissance d’un jeune homme, Saïd, qui vit encore ses chez parents et qui, à ses cours du soir en marketing, rencontre Nadia. Celle-ci est une jeune femme belle et indépendante, qui roule à moto, et vit seule dans un petit studio, ayant coupé tous les ponts avec sa famille.
Très vite les deux jeunes tombent amoureux et tout irait bien dans le meilleur des mondes, si dans leur ville, jour après jour, les explosions, les échanges de tirs, les attentats suicides et les points de contrôle sauvages, transforment un peu à peu la vie des habitants en un enfer. Nadia et Saïd qui ne sont pas mariés doivent se cacher pour vivre leur passion. En effet, une guerre civile s’est déclenchée et les quartiers de la ville tombent un par un aux mains des «rebelles». Encore une fois, l’auteur ne nous dira jamais qui sont ces «rebelles», mais on devine facilement ici qu’il s’agit des... Talibans!
L’escalade de la violence dans la ville n’en finit plus et transforme tous ses habitants en prisonniers. Il n’y a plus d’eau, plus d’électricité, plus de nourriture, et la mort peu vous surprendre à tous les coins de rue, sous la forme de balles perdues… Nadia et Saïd songent de plus en plus à partir, mais la ville est à présent complètement isolée du reste du monde…
Mohsin HAMID (*1971) nous conte ici une histoire d’amour poignante sur fond d’exil et de crise migratoire. La vie, les conditions de vie des réfugiés, des exilés venant des pays d’Asie dans nos pays sont très bien décrites et restituées.
Mohsin HAMID nous prouve par son inventivité de conteur qu’un sujet d’actualité n’exclut pas la poésie ni même la magie. C’est une fable contemporaine et intemporelle. Il y a une ressemblance avec les livres du japonais Haruki MURAKAMI (1) ou du hongrois Laszlo KRASZNAHORKAI (2), dans le sens qu’à un moment le fantastique, ou disons plutôt «l’irrationnel» arrive de façon toute à fait banale dans le cours du récit (non, n’insistez pas, je ne vous dirai pas comment, la réponse est dans le livre…).
Que dire de plus? Les personnages de Saïd et Nadia sont vraiment très bien écrits, et très bien fouillés au point de vue psychologique. Les autres personnages, à part peut-être le père de Saïd, sont eux des simples faire-valoir dans l’histoire. C’est un livre «tendre» et rempli de bienveillance, malgré la gravité du sujet et la violence des faits qui nous sont parfois décrits.
Si je devais faire quelques reproches à ce livre, ce serait la fin un peu trop brusque et trop vite expédiée, et qui ne répond donc pas à toutes les questions que l’on se pose (p. ex. : Que sont donc devenus Saïd et Nadia ? Comment se fait-il qu’on les retrouves dans leur pays d’origine?...). Mais, surtout, je dois dire que j’ai eu beaucoup de mal à croire à l’évolution du personnage de Nadia, qui ne correspond absolument pas à ce que l’auteur nous raconte au début du roman… Cela dit, ça reste un très bon roman, très bien écrit, et j’ai vraiment passé un très bon moment de lecture…
Est-ce que je conseille la lecture de ce livre? Oui, comme tous les livres de Mohsin HAMID (*1971) celui-ci est vraiment très bon, il n’y a rien à redire! Je pense que ce livre permet au plus grand nombre d’appréhender de façon inhabituelle, - de l’intérieur donc -, le drame des réfugiés politiques qui arrivent dans nos pays…
(1). : Cf. ici sur Cl : https://critiqueslibres.com/i.php/vauteur/933
(2). : Cf. ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vauteur/37617
Septularisen - - - ans - 16 juillet 2023 |