Gaston et Gontran
de Philippe Bouvard

critiqué par Catinus, le 30 juin 2018
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Plus que délirant !
Gaston est serveur au restaurant « Aux petits farcis ». Célibataire et tellement occupé par son travail, il ne dépense guère si ce n’est qu’une heure ou deux quand il fréquente à la va-vite Aurélia, une fille de joie. Parfois, Gaston se transforme en Gontran (un prénom un peu plus chic- à son goût-). Le temps d’un week-end, il se paie alors la bonne vie dans des palaces hors de prix. Un jour, il rencontre Anne-Carole, comtesse de son état qui l’engage sur le champ comme valet, majordome et conducteur de sa Rolls-Royce. Gontran va encore gravir quelques échelons de son nouveau statut social. Aurélia en sera la témoin. Et pourquoi pas une vie à trois ? En ce qui concerne l’argent, il n’y a qu’à se servir dans le coffre d’Anne-Carole …

Un roman plus que délirant où Philippe Bouvard ne nous épargne ni les bons mots, ni le belles phrases (entendez : manière « Grosses-Têtes »). L’homme s’attarde sur des thèmes qu’il semble connaître sur le bout des doigts ( en effet, ça sent le vécu) : les hôtels de haut standing, la vie de ce qu’on y appelle « le petit personnel », les casinos et, last but not least, l’addiction aux jeux d’argent.

Extraits :

- ( dans les hôtels, les restaurants) Si les clients méprisaient le personnel, le personnel haïssait les clients. Il n’ignorait pas non plus que les forçats de la cuisine vouaient aux soi-disant privilégiés de la salle une détestation que ces derniers leur rendaient bien. (…) La haine du client était apparue assez vite à la défaveur des réclamations ou exigences déraisonnables transmises par un serveur : « - Le connard de la 4 voudrait l’entrecôte mais avec du jambon à la place de la viande et des petits pois au lieu des pommes sautées ! ».

- Nous allons garder vos deux prénoms. Quand je vous appellerai Gaston, vous coucherez dans la chambre d’ami. Quand je vous dirai Gontran, vous me rejoindrez dans la mienne. Pour le salaire de Gaston, on verra plus tard. Gontran, lui, sera bénévole. Jamais Gaston et Gontran ne doivent se rencontrer ni se faire la moindre confidence.

- Prénommée Anaïs et d’origine belge, l’oiseau rare avait été serveuse montante dans un bar à filles d’Anvers. Anne-Carole disait d’elle : Une femme qui ne peut terminer une phrase sans dire « une fois » est forcément paresseuse.