Scherbius (et moi)
de Antoine Bello

critiqué par Killing79, le 24 juin 2018
(Chamalieres - 45 ans)


La note:  étoiles
La psychiatrie romanesque
Présentation de l'éditeur
"Scherbius n'est ni le premier imposteur ni la première personnalité multiple, il est le premier imposteur à personnalités multiples, une combinaison détonante que mon devoir consiste à stabiliser avant qu'elle n'explose". 1977. Maxime Le Verrier, psychiatre, se donne pour mission de guérir Scherbius, un patient chez qui il a repéré un trouble de la personnalité multiple. Alors que le patient ne cesse de duper son analyste, la relation thérapeutique se transforme peu à peu en une liaison obsessionnelle, du cabinet médical jusqu'à la prison centrale de Saint-Martin-de-Ré en passant par les productions de Hollywood.


Mon avis: J’avais été emballé par ma première incursion dans le monde d’Antoine Bello. Son « Homme qui s’envola » m’avait passionné de bout en bout grâce à sa narration addictive et son efficacité romanesque.

Autant vous le dire tout de suite, ce nouvel ouvrage est complètement différent. On accède aux pages d’une sorte de carnet de bord tenu par un psychiatre. Celui-ci s’intéresse à un cas précis : Le cas Alexandre Scherbius, si c’est bien son nom ! En effet, ce patient à la particularité d’être un caméléon qui peut prendre plusieurs personnalités. Le psychiatre va étudier Scherbius de différentes manières, sous différents angles. Grâce à une mise en abîme astucieuse, l’auteur imagine que ses expériences, réunies en 6 volumes, sont déjà parues dans le commerce et sont devenues des best-sellers. Motivé par le succès et par le professionnalisme du psychiatre, ce livre est donc un recueil ces analyses successives qu’il a pratiquées pour essayer de percer le mystère.

Et là, Scherbius prend toute sa force. Lorsque l’on s’intéresse à la santé mentale de cet individu, une particularité nous saute rapidement aux yeux. Il a un énorme talent pour mentir. Durant toutes les années que va durer la thérapie, il n’aura de cesse de retourner toutes les situations et de tromper son monde. Et même si on sait qu’il faut se méfier, en tant que témoin, on prend un plaisir à se laisser manipuler par cet imposteur.

Dans un style haut de gamme, Antoine Bello nous livre un OLNI (objet littéraire non identifié) par la forme. Grâce à un travail de fond vraiment poussé, il permet aux lecteurs d’entrer dans l’histoire de la psychiatrie. Entre essai passionnant et aventure manipulatrice, le roman ravira les amateurs de livres intelligents. Alors non, ce n’est pas une lecture facile d’accès, mais elle vous permettra d’en sortir plus éclairé, tout en vous divertissant. J’ai maintenant compris qu’Antoine Bello peut se réinventer à chaque roman. Ce sera pour moi, une joie de découvrir ses autres faits d’armes.