Dans la combi de Thomas Pesquet
de Marion Montaigne

critiqué par Blue Boy, le 9 juin 2018
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Marion Montaigne s’envoie en l’air
S’il se passe pas mal de choses dans la combi de Pesquet, il s’en passe autant sinon plus dans la tête de Marion Montaigne… Cette fois, la scientifique autodidacte la plus connue dans le monde du neuvième art (et la plus drôle aussi) est allée se frotter aux lois de l’apesanteur en compagnie du spationaute français, et on peut dire que cela a stimulé son imagination !

En occupant un créneau original, la BD de vulgarisation scientifique à l’humour décalé, Marion Montaigne est parvenue en moins d’une décennie à s’imposer dans le cercle restreint des bédéastes féminines les plus en vue. Aujourd’hui, cette hyperactive curieuse du monde qui l’entoure semble s’être installée pour longtemps sur l’orbite du succès. Il paraissait donc logique qu’elle s’intéresse aux pionniers de la conquête spatiale cantonnés pour l’heure à une autre orbite, celle de notre berceau la Terre… Ainsi, Montaigne a suivi pendant plusieurs mois le spationaute français qui vécut pendant six mois à bord de la Station spatiale internationale, j’ai nommé Thomas Pesquet. Celle qui apprécie, non sans malice, de se faire appeler « Professeur Moustache » a pu l’accompagner durant les phases de préparation et de réadaptation à la vie terrestre, et continuer à lui poser des questions lorsqu’il était dans l’espace.

Le résultat, ce sont 200 pages d’anecdotes et autres digressions hilarantes autour de cette expérience peu commune qui consiste à vivre en apesanteur. Marion Montaigne maîtrise le sujet, armée de son trait trash et de ses punchlines rigolotes. Le livre grouille d’informations scientifiques hyper-documentées qui pourraient laisser de glace la plupart des non-initiés mais que l’auteur sait rendre accessibles et captivantes grâce à son humour décapant qui rebondit au rythme d’une boule de flipper. Aucun sujet n’est laissé de côté, du plus technique au plus « trivial ». On apprend notamment que gestes les plus simples sur le plancher des vaches peuvent se transformer en parcours du combattant (par exemple, comment fait-on ses besoins en apesanteur sans s’en mettre partout ?).

Après lecture de cet ouvrage, qui voit son auteure récompensée pour la deuxième fois à Angoulême, on aura un peu moins envie de se mettre dans cette combinaison spatiale, mais on aura passé un assez bon moment, entre émerveillement, stupéfaction et fous-rires. On est même parfois saisi de pitié pour ces hommes et ces femmes qui sacrifient beaucoup de leur vie privée et intime pour aller au bout de leurs rêves d’espace, et cela commence dès les épreuves de sélection, si complexes qu’elles en deviennent inhumaines. Les « heureux » élus devront maîtriser une quantité incalculable de savoirs et faire preuve d’une santé physique irréprochable. Au final, on en ressort avec un sentiment d’admiration pour ces « pionniers » qui prouvent que « l’étoffe des héros » n’est pas un vain mot.
Un héros des temps modernes 7 étoiles

J'ai pour ma part passé un excellent moment avec cette bande dessinée de vulgarisation scientifique, remplie d’humour, qui ne se prend jamais au sérieux. Le parti pris de Marion Montaigne (en particulier le traitement du personnage de Thomas Pesquet) donne toute sa saveur à l’album. L’astronaute est en effet certes décrit comme un « super-héros » des temps moderne (ce qu’il est en vérité quelque part: intelligence supérieure à la moyenne, physique surentraîné, mental d’acier, et tout à la fois sympathique, à l’aise avec les média). Mais l'autrice en profite pour se moquer (gentiment) de ces hommes « parfaits » et du battage qui en a été fait : voir les astronautes se tirer la bourre pour savoir qui sera le plus rapide, comme des gamins de collège, par exemple, les voir affronter les trivialités du voyage dans l’espace (le rangement des déchets, les wc…),sont des moments très drôles et les désacralisent.

Le trait quant à lui est nerveux comme un dessin de presse, tandis que le récit offre un documentaire d’une grande richesse et d’une grande précision, malgré les comiques de situation et les détournements (le jury sadique qui crée les épreuves de sélections,…).

Je voudrais dire un mot sur les pages de fin, où Thomas Pesquet pose plusieurs questions dont celle de savoir « à quoi ça sert de dépenser des fortunes dans l’espace alors que des enfants meurent de faim ». Il était salutaire de poser la question. A travers sa réponse l’astronaute français défend son bifteck, et c’est bien normal, mais c’est surtout peut-être la question elle-même, telle qu’elle est posée, qui me met mal à l’aise. De même que dire seulement que « l’exploration est toujours coûteuse, financièrement, humainement, mais on en rapporte du savoir et de l’expérience » c’est aussi réduire ces interrogations, presque philosophiques, du progrès technologique dans son ensemble, à peu de chose.

Une dernière chose m’a interpellé dans cette page : celle où on nous dit que la recherche fondamentale doit être financée par les États car elle n’est pas rentable et que si une découverte intéressante a lieu, les entreprises privées peuvent s’en servir « gratis » (sic). Au moins ça a le mérite de la franchise...

Fanou03 - * - 48 ans - 24 mai 2022


Drôle mais un peu long 8 étoiles

Ce roman graphique est drôle et instructif. Je regrette juste quelques passages un peu trop techniques et longs.

Coper - - 40 ans - 10 décembre 2018


Une lecture décevante. 4 étoiles

Je ne vais pas être aussi dithyrambique que certains sur cet album.
J'avoue avoir eu du mal à entrer dans ce pavé de 200 pages.
Ne parlons pas du dessin, assez sommaire, pour aborder le récit.
Il nous offre parfois des moments drôles voire très drôles (ah, le fonctionnement des WC sur l'ISS!!) mais aussi des pages laborieuses que j'ai seulement survolées tant je me suis ennuyé en les lisant.

A la lecture de cet album, j'ai eu la curieuse impression qu'il s'adressait plus à des personnes qui n'achetaient pas des bd habituellement mais qui , sur l'hyper médiatisation de l'aventure spatiale de Thomas Pesquet, voulaient en savoir plus, qu'aux vrais amateurs de bd comme moi.

J'ai emprunté cette bd à la médiathèque mais, en aucun cas, je n'en ferai l'achat.

Hervé28 - Chartres - 54 ans - 27 août 2018