Zinc
de David Van Reybrouck

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 4 juin 2018
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
Une Europe en réduction
Avec son dernier livre « Zinc »,on peut dire que David Van Reybrouck s’améliore au fil du temps. Mais il est vrai qu’il vient de loin : son premier livre, « Congo, une histoire » était à peu près nul.

Zinc raconte la très curieuse histoire d’un minuscule territoire qui se situe à la limite des frontières de la Belgique, de la Hollande et de l’Allemagne et qui s’appelle Moresnet.
Tout l’intérêt de ce territoire est qu’il possédait une gigantesque mine de zinc dans un hameau qui s’appelle La Calamine. Elle était connue de la plus haute antiquité. Pline l’Ancien en faisait déjà mention il y a deux mille ans. Au cours des siècles, elle a été convoitée par toutes les grandes puissances jusqu’au moment où Napoléon l’a annexée à son empire.

Au congrès de Vienne en 1815 on s’est souvenu de son existence et, comme on n’est pas tombé d’accord sur son sort, on a décidé de ne rien décider. Finalement, le train des diplomates étant encore plus lent que le train des sénateurs, le territoire est resté neutre jusqu’en 1919. Au fil des guerres du XXème siècle, ce minuscule territoire de 3,44 km² a encore changé de mains plusieurs fois, pour revenir finalement à la Belgique.

Mais les Belges avaient déjà fondé, en 1837, quand Moresnet était neutre, la société « Vieille Montagne » ; un ingénieur avait trouvé un moyen rationnel de traiter le zinc et il a été exploité sur une très grande échelle (tous les toits du Paris de Haussmann sont en zinc de Moresnet).

David Van Reybroeck nous raconte l’évolution de ce minuscule territoire à travers le destin de la famille Rixen, dont le père, Emile Rixen, né en 1903, a changé cinq fois de nationalité sans jamais quitter son village ; une famille encore bien connue dans la région.

Il nous dit que Moresnet, grâce aux usines de la Vieille Montagne, était devenu une Europe en réduction. Déjà en ce temps là, le besoin de main-d’œuvre et les hauts salaires avaient attiré des milliers de « migrants ». De village peuplé de 250 habitants, Moresnet était devenu un État cosmopolite où, pour se comprendre, on avait décidé de parler l’espéranto.
De nombreuses curiosités de ce territoire sont encore détaillées dans ce récit et c’est vraiment intéressant. Zinc est un petit livre, très bien rédigé et qui, me semble-t-il, pourra intéresser tout le monde et surtout ceux qui connaissent bien la région.