Le chapiteau vert
de Ludmila Oulitskaïa

critiqué par Alma, le 2 janvier 2023
( - - ans)


La note:  étoiles
Une triple saga
Permettez-moi de commencer ma chronique en présentant le roman par des données mesurables.
C'est un « pavé » qui pèse 750 g, qui est constitué – dans l'édition Gallimard- de 488 pages aux caractères d'imprimerie petits et serrés et qui comporte 31 chapitres .
C'est non pas une saga, mais une triple saga , celle de trois amis d'enfance, qu'on suit pendant 43 ans, en mars 1953 jusqu'en mars 1996. 43 années jalonnées d'événements politiques importants pour l'URSS et pour la vie de ces 3 personnages principaux.

En 1953, ils ont une douzaine d'années, sont élèves d'un même collège.
Ils forment le trio des LURS : ( acronyme de : Les Amateurs de Lettres Russes), unis qu'il sont par l'intérêt que leur a transmis un professeur de lettres porteur d'un charisme comparable à celui du prof du film : Le cercle des poètes disparus «  La littérature est la seule chose qui aide l'homme à survivre et à se réconcilier avec son temps ! Et la poésie est le coeur de la littérature, la concentration suprême de ce qu'il y a de meilleur au monde et dans l'homme. C'est la seule et unique nourriture de l'âme »
Ilya , pauvre et plutôt laid, va développer une passion pour la photographie, le reportage
Micha qui est juif se consacrera à la poésie et plus largement à la littérature .
Sania , faute d'avoir pu devenir pianiste en raison d'une blessure à la main, deviendra musicologue.

Leur engagement artistique et politique fera d'eux des citoyens surveillés, emprisonnés, trahis parfois aussi et aura des conséquences la vie de leurs proches : épouses , enfants, parents, grands parents ou amis qui les cachent ou les soutiennent.
Le roman est ainsi peuplé d'une foule de personnages dont les noms sont d'autant plus difficiles à mémoriser que chacun d'eux est désigné par un prénom, un nom, un diminutif.

Si j'ai réussi pendant 200 pages à suivre la narration, par la suite le nombre des personnages augmentant régulièrement je me suis sentie perdue.
De plus assez vite, la narration n'est plus restée chronologique, Ludmilla Oulitskaïa, revenant sur le passé ou se projetant dans l'avenir.
Que faire alors ?
Poursuivre la lecture de ce tissu d'histoires qui s'entremêlent comme le suggère l'illustration de couverture ou arrêter.
J'ai pris le parti de continuer car chacun des 37 chapitres est consacré à un épisode particulier de la vie de chaque personnage, il constitue un tout en lui-même , grâce au grand talent de narratrice ou de conteuse de Ludmilla Oulitskaïa .
J'ai donc lu le roman comme une succession de tranches de vie, variées dans le contenu et dans leur tonalité : tantôt dramatiques, tantôt émouvantes ou teintées d'humour, et cela sans jamais m'ennuyer .

Je garde le souvenir d'un livre riche, d'un très grand intérêt, non seulement historique et politique mais aussi sociétal, pour les détails du quotidien ( le logement , la nourriture, les relations au sein de la famille).