Virginia
de Jens Christian Grøndahl

critiqué par Clarabel, le 30 mai 2004
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Un pilote anglais
Ce dernier roman écrit par l'écrivain danois, Jens Christian Grondahl, est pratiquement indescriptible car toute l'histoire se concentre sur quelques jours d'un été lointain, pendant la guerre. Le narrateur n'a que quatorze ans et passe des vacances dans une grande maison au bord de la mer chez son oncle et sa tante. Un jour débarque de Copenhague une jeune fille de seize ans, belle, souriante et mystérieuse. Le garçon est fasciné et pétrifié sur place. Aussitôt il pressent que cette apparition va décider sa vie entière et qu'à partir de là rien ne sera jamais plus comme avant ...

Cet été 1943, les avions survolent le pays pour bombarder la capitale. Un matin, les villageois annoncent qu'un avion anglais s'est écrasé dans les parages, les allemands surveillent la carcasse, mais aucune nouvelle du pilote. Excepté pour une personne : la jeune adolescente. Deux jours seulement qui vont troubler, éblouir, émouvoir et briser le coeur des deux acteurs de ce roman.

"Virginia" raconte cette jolie histoire. L'avant, le pendant, l'après. Le lent travail d'introspection du narrateur. Le portrait délicat d'une jeune femme auréolée de silence et de mystère. "Virginia" est un court roman, au style dépouillé et émouvant, recouvert d'une fine pellicule de douceur et de sensibilité. L'auteur est un poète, un orfèvre et un maître de cérémonie. Son roman vous donne un coup de soleil et un coup de poing au coeur. Appréciez ...
Le titre "Virginia" s'explique en toutes dernières lignes ...
Danemark, 1943. Deux adolescents et un pilote britannique ... 8 étoiles

En 1943, Virginia, la fille d'une couturière, a la chance de pouvoir passer de belles journées de détente dans la maison d'un couple, des clients de sa mère. Elle ne sera pas la seule adolescente de la demeure puisque le neveu du couple, plus jeune de deux ans, est aussi convié. Le Danemark redoute des bombardements. La maison où loge Virginia, près de la mer, devrait être épargnée.
La rencontre que fera Virginia là-bas sera décisive ... Un pilote britannique se cache dans un abri.

Ce court roman est magnifique. Il est bien écrit, simple, dépeint avec élégance les personnages. Les scènes décrites sont très visuelles et touchent le lecteur.

Le tour de force de Grøndahl est de rester pudique et respectueux, tout en permettant au lecteur d'entrer dans l'intimité de ces personnages.

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 30 août 2012


L'autre rive des ans 8 étoiles

La parution en édition de poche de ce très joli roman me donne l’opportunité de le recommander. Et ceux qui ne connaissent pas Jens Christian Grondahl vont découvrir un remarquable romancier qui a le talent de construire livre après livre une œuvre.
« Virginia » se lit en une heure mais son souvenir perdure bien longtemps après la dernière page. Et en le rouvrant hier soir je l’ai lu une nouvelle fois avec le même plaisir.

Clarabel et Sahkti ont très bien évoqué l’histoire, l’atmosphère et le style de l’écrivain. Je voudrais seulement souligner un autre point qui est pour moi un véritable tour de magie littéraire. En effet, en cent dix pages, Grondahl sait décrire tout à la fois les émois d’un garçon de quatorze devant une fille qui aurait pu être sa première amourette et aussi les déceptions de la vie qui passe, puis la lassitude ou la sérénité, comme on voudra, de l’âge qui vient. Ces quelques pages qui vont de l’espoir du matin à l’angoisse tranquille du crépuscule sont absolument tendres (la découverte d’une fille qui parce qu’elle a deux ans de plus que vous est déjà une femme quand vous n’êtes encore qu’un garçon), cruelles ( le narrateur qui la retrouve bien plus tard et en décrit les griffes du temps sur son visage), poignantes (la solitude distante et la fuite qui n’est jamais une solution), émouvantes (l’amour de toute une vie qui, en deux jours, se noue et se distend sans jamais s’effacer), bouleversantes à la toute fin de l’histoire.

« De longues périodes …peuvent aisément être condensées en une ou deux phrases. En revanche une seule phrase cache parfois une histoire entière ». Une histoire dont il ne reste, lorsque qu'on accoste "l'autre rive du temps", que le goût amer de ce qu’on n’a pas su vivre.

Jlc - - 81 ans - 4 mars 2007


L'efficacité des mots 8 étoiles

Inutile de résumer une seconde fois ce roman danois.
Ce que j’apprécie dans le style de Jens Christian Grondahl, c’est sa simplicité. Un langage clair, dépouillé, très subtil qui va au fond des choses sans avoir besoin d’en faire des tonnes.
Puis ce procédé narratif employé dans Virginia. Ce n’est pas elle qui s’exprime, c’est un autre, un homme qui a passé l’été 1943 auprès d’elle. Cette manière de présenter les faits impose une distance, un recul indispensable pour poser un regard global sur une histoire pas tout le temps très gaie et qui nous est offerte unilatéralement. Nous avons la vision du neveu des propriétaires de la maison, est-ce que celle de Virginia lui ressemble en tous points ?
Grâce aux mots poétiques et aériens de Grondahl, nous allons au cœur des âmes et des choses, pas d’emballage superflu, le nécessaire attend le lecteur.
C’est un roman mélancolique, fragile, brillant par l’intensité de sa centaine de pages et par sa douceur, son goût de l’errance et des fantômes.
Une très belle lecture.

Sahkti - Genève - 50 ans - 7 octobre 2004