L'homme au bout du rouleau
de Gilles Perrault

critiqué par Clarabel, le 30 mai 2004
( - 48 ans)


La note:  étoiles
L'envers du décor (et de la médaille)
Beaucoup moins passionnant que le premier volet de la trilogie commencée avec "Le garçon aux yeux gris", "L'homme au bout du rouleau" n'offre pas cette même stupéfaction et cette écriture voluptueuse. "L'homme au bout du rouleau" c'est Henri, résistant communiste. Comme l'indique le titre, Henri est un homme fatigué, usé et malade du coeur. Le médecin lui a recommandé de se ménager, mais en 1943, à la veille de la victoire de la bataille de Stalingrad, les camarades communistes ne chôment pas. Qu'ils soient en France, ou ailleurs...
De leur petit coin, Henri et son groupe sont menacés d'être démantelés et dénoncés. De plus en plus de compagnons sont arrêtés, torturés, beaucoup parle, leurs jours sont comptés... Henri et sa compagne Renée se sont enfuis de Paris pour se réfugier dans une maison de campagne (là où précédemment Florence, héroïne du "garçon aux yeux gris", avait connu quelques heures sulfureuses...). Mais ils ne sont pas seuls, ils ont avec eux une jeune fille, Astrid, suspectée d'avoir dénoncé le réseau à la police française et collaboratrice. Avant de la tuer, ils veulent lui poser plusieurs questions. Mais les réponses vont déconcerter le couple d'Henri et Renée et catapulter des événements imprévus.

Gilles Perrault a cette manie de raconter son histoire, façon grivoise ou légende du terroir. Où l'on prend sa bicyclette pour boire son Viandox au bistro du village, prendre les nouvelles du bourg et rencontrer un curé pas très catholique... mais bon. L'histoire de Gilles Perrault se dénoue délicatement, l'auteur prend son temps pour tout révéler. Pourtant son roman est court mais l'essentiel est condensé en ces quelques 120 pages, où l'on semble avoir griffonné des lignes pour dire vite et bien quelques jours de la vie d'un homme. "L'homme au bout du rouleau" s'attarde aussi sur ces combattants communistes, sur ce que leur implication exigeait d'eux au sein du Mouvement. Gilles Perrault dit toutes ces choses à la fois d'une manière détachée et attachante. En fermant le livre, on regrette de quitter à nouveau cette grande maison bourgeoise, théâtre d'élans du coeur de tout ordre, et on souhaite très vite y pénétrer à nouveau avec "La jeune femme triste" (le troisième épisode).
Trop condensé! 4 étoiles

Décidément, je suis encore restée sur ma faim pour ce deuxième volet.
Je trouve l'idée de voir évoluer dans un même décor, des années plus tard des personnages qui ne se sont jamais cotoyés.
J'aurais aimé que l'histoire soit plus longue, les personnages plus lentement ébauchés et plus approfondis.
Je m'attendais à un beau huis-clos psychologique, et c'est beaucoup trop condensé pour moi.

En fait, j'ai préféré la critique de Clarabel, qui en parle si bien, que le roman en lui-même....;-))

Nirvana - Bruxelles - 51 ans - 3 mai 2005