Une écriture bleu pâle
de Franz Werfel

critiqué par Romur, le 13 mai 2018
(Viroflay - 51 ans)


La note:  étoiles
Drame social et psychologique plein de finesse et de suspense
Vienne 1936. Leonidas Tachezy a la cinquantaine heureuse. Fils d’un petit professeur de lycée, un concours de circonstances lui a fait faire une belle carrière dans l’administration (il occupe de hautes responsabilités au ministère de l’éducation et de la culture), et mener une vie de couple réussie, bien que sans enfants, avec une riche et belle héritière.
Un matin dans la pile de courrier il trouve une enveloppe à son nom, écrite d’une main féminine à l’encre bleu pâle. Une écriture qu’il connait, celle de Vera Wormser, une femme qu’il a connue et a préféré oublier. L’inquiétude le saisit : son passé va-t-il le rattraper et venir compromettre le bel équilibre de son existence, son ménage voire sa carrière ? Mais l’honneur et la morale n’exigent-ils pas qu’il assume ses responsabilités ?
J’ai été impressionné par la construction maîtrisée du récit de Franz Werfel, qui d’une part dévoile progressivement le passé de Léonidas par une série de flashbacks, et d’autre part nous fait suivre la progression de ses réflexions et tourments de rebondissement en rebondissement. Car jusqu’au bout le suspense reste entier, Leonidas n’ayant pas beaucoup plus de prise sur les événements dans cette épreuve qu’il n’en a eu dans la réussite de son existence.
Un roman sur la misère morale des faibles, la mauvaise conscience des lâches, les silences de la bourgeoisie viennoise soucieuse de tranquillité, travers qui se retrouvent dans les lâchetés de la classe politique qu’impressionne déjà la montée du nazisme chez le grand voisin allemand.