Robinson Crusoé
de Daniel Defoe

critiqué par Paradize, le 28 mai 2004
(Paris - 38 ans)


La note:  étoiles
Souvenirs d'enfance...
L'histoire non moins célèbre de Robinson Crusoé a donné l'envie d'être lue par un nombre non négligeable de petits écoliers. Jacques Vingtras (Vallès) en a été l'un des plus exaltés.

J'ai lu ce livre étant plus jeune, et mes souvenirs ne restaient que vagues à son sujet. Robinson, sur une île déserte, seul, coupé du monde pendant un long moment... Pas grand chose de plus ne me revenait en mémoire, j'ai donc entrepris de le relire.

Je tiens à préciser que l'exaltation que le héros de Jules Vallès (lui-même) dans l'enfant avait eu pour ce livre l'a posé à mes yeux sur une sorte de piédestal, pour lui il était LE livre qui lui a donné goût à la lecture... (il ne devait pas avoir lu illusions perdues;))

A la relecture de ce livre, plusieurs choses que j'avais oubliées sont revenues entres autres la place de la religion dans l'histoire. Mon premier sentiment fut une satisfaction et un plaisir de relire un livre aimé auparavant. Puis j'ai été déçue, je me suis rendue compte qu'il ne m'avait pas autant plu, que l'histoire qui est devenue une sorte de mythe incontournable avait été trop mise en valeur et que le livre n'était pas à la hauteur de ce que j'attendais...
Succès mondial 7 étoiles

La honte alliée à la surprise: Avant d'entamer Robinson, je situais Defoe au XIXes alors que c'est un auteur à cheval entre le XVIe et le XVIIe s… J'ai été, de fait, surpris de la modernité de la plume de Daniel Defoe, la construction du récit, son agencement font assurément selon moi de Robinson un roman moderne avant l'heure, tout comme le Don Quichotte de Cervantès (la parution de Robinson est de 1719, celle de la seconde partie de Don Quichotte, de 1615 tout de même).
Tout le monde connaît l'histoire de ce marin anglais victime d'un naufrage, sa rencontre avec Vendredi, son combat contre les indigènes cannibales, comment il a mis au point sa survie à l'aide des moyens qu'il avait à sa disposition etc. Et pour cause, Robinson a été l'un des premiers "best sellers" mondiaux, traduit assez rapidement dans plusieurs langues dont le français en 1719 (la traduction classique et celle qui prévaut encore aujourd'hui étant celle de Pétrus Borel au XIXe s.). Defoe produira deux suites devant le succès de son livre et la postérité de son livre continue encore aujourd'hui. Elevé au rang de classique, il a donné naissance à beaucoup d'épigones (Le Robinson suisse de Wyss-1812, Vendredi ou les Limbes du Pacifique de Tournier 1967, Foe de Coetzee, 1986…) ainsi que des adaptations au cinéma, en bande dessinée, à la télévision etc…
A la lecture de ce monument de la littérature mondiale, le sentiment est mitigé: d'une part on est enchanté de la partie "aventure" du récit, conforme aux attentes, on est parfois au contraire abattu par les longs tunnels au cours desquels Robinson réalise combien la Providence a été douce pour lui, combien il ne devrait pas se lamenter, combien il aurait du écouter son père qui lui enjoignait de rester en Angleterre et s'établir, ou combien il aurait pu être heureux s'il s'était contenté de continuer d'exploiter sa plantation du Brésil. Par ailleurs, la toute dernière partie qui relate son retour en Europe est beaucoup moins intéressante, même dans sa composante aventureuse: on a le sentiment que Defoe voulait terminer son récit sans autant savoir comment ce faire.
Une lecture presque obligatoire pour avoir un aperçu de la littérature du XVII-XVIIIe s. anglais, pour s'approprier la connaissance d'un classique et vibrer à la lecture des aventures de ce Robinson éternel.

Vince92 - Zürich - 47 ans - 15 décembre 2020


Survivaliste, ce Robinson. 9 étoiles

J'ai bien aimé le récit de Robinson Crusoé car, même si c'est une fiction, il peut y avoir un peu de vérité dans le sens qu'un naufragé se retrouve seul sur une île déserte, et par conséquent, doit se débrouiller pour survivre. Cela peut arriver à n'importe qui. Comme PA57 l'a dit dans sa critique, l'importance de la religion est omniprésente dans ce roman. Par contre, il y a un passage, à la fin du livre, que j'ai trouvé tiré par les cheveux, c'est lorsque Robinson se bat contre quelques 300 loups affamés, lors de son passage en France. C'est la seule faiblesse que j'ai trouvé dans ma lecture. Mais, ce que j'ai surtout aimé, c'est la façon dont Crusoé construit sa cabane, se met à jardiner pour avoir à manger et apprivoise des chèvres pour la viande et le lait, et doit se débrouiller sans aucun outil, ou presque. Cela, pour moi, tient presque du miracle, si on tient compte de notre société de surconsommation d'aujourd'hui.

Windigo - Amos - 42 ans - 2 mars 2015


Lecture recommandée par Rousseau 7 étoiles

Depuis plusieurs mois, je lis des "Classiques", du moins des livres souvent définis comme tels. Pour celui-ci, c'est surtout Jean Jacques Rousseau qui m'a motivée à découvrir Robinson dans sa version originale (j'ai du lire une version abrégée enfant, et j'ai vu quelques épisodes de dessins animés qui s'en inspiraient fortement, mais dont je ne me rappelle même plus le nom).
Le philosophe du XVIIIème en parle donc dans Emile ou de l'éducation. Il n'y prône pas trop la lecture de romans, encore moins par les enfants, et souhaite que Robinson Crusoé soit le seul livre lu et relu par son Emile et tout autre enfant auquel on veut imposer une éducation exemplaire, car on y découvre un homme qui survit sans la compagnie des hommes (qu'il juge souvent néfaste) et qui doit se débrouiller par ses propres moyens et des produits non transformés par l'homme de la nature. Il y a tout de même une petite nuance, puisque Robinson peut s'aider des restes du bateau qui a fait naufrage.
Ce qui m'a surprise dans cette lecture, c'est que la survie sur l'île déserte ne remplit en fait même pas la moitié de l'ouvrage. Il y est aussi conté les autres pérégrinations de Robinson Crusoé, principalement en Angleterre et au Brésil, mais aussi, par exemple, sa traversée des Pyrénées et sa rencontre avec des loups.

J'ai trouvé cette lecture divertissante, mais j'y vois peu d'autres intérêts. Ce n'est pas particulièrement bien écrit, on n'apprend pas tant de choses sur les moeurs de l'époque.

Elya - Savoie - 34 ans - 22 septembre 2013


Un peu déçue aussi 5 étoiles

En commençant ce livre, je m'attendais, je l'avoue, à un récit d'aventures, ce qui n'est pas vraiment le cas. Il y a effectivement quelques parties qui sont assez "ennuyeuses", lorsque Robinson décrit ses tentatives de fabrication de différents objets. Cependant, j'ai tout de même apprécié cette lecture, par son côté historique. Il permet de bien se rendre compte de la mentalité et de l'importance de la religion à l'époque.
Je le conseille comme lecture d'un classique, mais il ne faut vraiment pas s'attendre à un roman d'aventures.

PA57 - - 41 ans - 9 octobre 2010


Mais ou est l'aventure ? 7 étoiles

d'accord avec la majorité des critiques , il ne faut pas lire ce roman pour y rencontrer l'aventure.
Tout au plus une fable moralisatrice sur le " bon sauvage " .
Cet ouvrage conserve pourtant le parfum de mon enfance et il fait bon de le relire .

Frunny - PARIS - 59 ans - 16 août 2010


Merveilleux souvenir d'enfance. 8 étoiles

Il existe de nombreuses versions de ce livre plus ou moins écourtées. Je me souviens d'avoir lu vers 11/12 ans un livre de poche de 120 pages qui m'avait littéralement transportée dans l'aventure, dans la grotte de Robinson avec Vendredi. Je viens d'en relire une version de 280 pages, avec des yeux d'adulte cette fois. J'ai trouvé ce Robinson extraordinairement chanceux. Je ne rappelais pas du ton un peu vieillot de ce livre, ce qui ne m'avait donc pas compliqué la lecture dans ma jeunesse. Cette fois, je l'ai lu avec un intérêt plutôt historique. Le récit est un tantinet moralisateur : il faut écouter ses parents sous peine de grand malheur, tout ce qui arrive de bien à notre héros est dû à la providence et tout ce qui est mal n'est que le résultat de ses erreurs. L'esprit colonialiste de l'époque est très bien retranscrit dans l'épisode de Vendredi ("apprivoisé" à force de caresses + évangélisation de ce dernier). Cette dernière version (livre de poche "classique collège") présente quelques longueurs jusqu'à l'arrivée de Vendredi. Le livre se termine lorsque Robinson embarque pour retrouver l'Angleterre alors que mon ancienne version compte 20 pages de plus sur son voyage et ce qui se passe à son retour en Europe.
Un conte un peu simpliste aujourd'hui mais que fait toujours rêver tout en témoignant sur les idées reçues et modes de vie au début du 18ème siècle.

MEISATSUKI - - 48 ans - 1 août 2010


Un classique qui a pris quelques rides 7 étoiles

Je l'ai lu me disant "Rhô quand même ! Robinson ! Un classique !"

Je n'ai pas été déçue. Enfin, pas totalement. En effet, je me suis prise au jeu, j'ai suivi avec assiduité les aventures du pauvre Robinson, perdu sur son île. certains passages, cependant, (comme dans tous les classiques ?) sont d'un ennui mortel.

Et puis le style du texte ainsi que les propos avancés sont parfois très "vieillots" et ne sont vraiment plus d'actualité. Bien sûr à l'époque, cela passait, car c'était l'air du temps, mais je me suis vue plusieurs fois plisser le nez face aux déclarations de Robinson à Vendredi par exemple...

Enfin, à lire ! Culture, culture... quelle plaie ! (je plaisante !)

Nouillade - - 33 ans - 15 mars 2008


Religion, Bon Sauvage, Raison 7 étoiles

Certainement, Robinson Crusoe n'est pas qu'un livre d'aventure, même si c'est sa version remaniée pour adolescents qui est la plus connue. C'est en fait et surtout un livre sur les thèmes de la Raison, face à l'instinct, de la Religion libre de dogmes 'papistes", et aussi des rapports que les Européens avaient à l'époque avec les "Sauvages", le bon (Vendredi) et le mauvais (le cannibale), mais aussi avec les Maures, l'esclavagisme, le colonialisme. Ce livre traite du juste milieu, prôné par le père de Robinson Crusoe et dont il s'éloigne pour sa plus grande perte. En fait c'est une sorte de manuel de savoir-vivre pour faire fortune et s'en tirer, avec un questionnement sur le pourquoi et le sens de l'action.
Bien sûr, son écriture est un peu dépassée et je peux comprendre que ce livre déçoive de plus jeunes lecteurs. Il faut cependant dire que certains passages où, notamment, Robinson exprime ses tergiversations m'ont bien fait sourire et que donc sa lecture n'est pas dénuée de plaisir.

Printemps - - 66 ans - 21 janvier 2007


Couçi couça 6 étoiles

Ouais bof... j'ai trouvé ce livre assez confus entre journal et narration. A la rigueur je préférais Tournier qui différenciait "je" et "il". Ici, plus de réflexion que d'actions et de véritables aventures. Tantôt intéressant, tantôt redondant, voire ennuyeux...
Heureusement, l'arrivée de Vendredi relance l'action...

Lolita - Bormes les mimosas - 38 ans - 19 octobre 2004


oui mais 7 étoiles

pris comme un roman d'aventure, ce livre ne peut effectivement que laisser un goût amer.

mais ce n'est pas là son but premier. L'intérêt réside aussi dans le choc des statuts en Angleterre à l'époque. Robinson appartient à cette jeune classe moyenne à l'origine de la fameuse révolution industrielle du 18ème siècle.

tous ses choix auront des conséquences:

- il refuse d'écouter son père, brisant ainsi le triangle de la société. --> il est prisonnier.

- il quitte son comptoir au Brésil alors qu'il a tout pour réussir. --> il s'échoue sur son île.

etc, etc...

la réflexion sur la religion me semble aussi très importante, tu aurais peut être pu en parler?

ainsi que le style très novateur de Defoe, ancien journaliste, et qui s'attache à énumérer le plus de faits possibles pouvant donner du crédit à son histoire.

maintenant je suis d'accord, ce livre est injustement considéré comme un roman d'aventure, bien qu'il n'aie rien à voir avec L'Ile Au Trésor! dans ce sens là, certains seront déçus, sans aucun doute...

à+
ALF

ALF - Ondres (40) - 44 ans - 28 mai 2004