Toutes les nuits du monde
de Chi Zijian

critiqué par Fanou03, le 10 avril 2018
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
Deux magnifiques récits, pudiques et touchants
Toutes les nuits du monde est composé de deux magnifiques récits, pudiques et touchants, deux récits qui se font échos, de façon troublante : celui d’une petite fille laissée, le temps d’une année, à la campagne chez ses grands-parents et qui se lie d’amitié avec une vieille dame marginale; puis celui d’une veuve qui s’en va en pèlerinage sur les lieux de son voyage de noce et doit sur le chemin s’arrêter dans une triste ville minière.

« C’est dans les faits qu’on pourrait croire banals et anodins que résident le charme éternels de l’existence humaine et ses limites inéluctables » : cette citation de Chi Zijian, sur la quatrième de couverture du livre, incarne absolument, me semble-t-il, l’esprit des deux textes. Faits des petits riens qui parsèment l’existence, ils sont imprégnés d’une mélancolie délicate, feutrée, qui conte pourtant des histoires de perte, de séparation, de solitude, et de mort.

Les deux récits, Enfance au village du Grand Nord et de Toutes les nuits du monde, qui a donné son titre au recueil, m’ont énormément ému. La prose de Chi Zijian est extraordinaire de douceur, comme pour contrebalancer la violence du Monde et de nos vies qu’elle décrit à travers ces deux femmes. Son évocation de la campagne, dans Enfance au village du Grand Nord, ou du milieu urbain, dans Toutes les nuits du monde, est pareillement réussie, brossant de nombreux portraits, sans fard mais avec beaucoup d’humanité. Empli de poésie, balancé par un rythme d’une grande fluidité où les peines semblent se dissoudre, peut-être, ou pas, dans les nuits qui surviennent, ce recueil laisse le cœur à la fois apaisé et plein d’une indicible tristesse.