La Guerre des Lulus, Tome 5 : 1918 : Le der des ders
de Régis Hautière (Scénario), Hardoc (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 31 mars 2018
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Les Lulus, entre les « gentils » et les « méchants »…
1918. Alors que la Première guerre mondiale fait rage, les Lulus tentent de survivre en zone occupée. Enrôlés malgré eux par les Gentils hommes, une société secrète de résistants, les quatre orphelins vont devoir se séparer pour la première fois depuis qu’ils se connaissent. Et peut-être pour plus longtemps qu’ils ne l’imaginent…

Luce étant restée auprès de sa grand-mère en Belgique, les orphelins vont reprendre leur errance dans cette France endolorie par la violence des canons, dans un climat permanent de suspicion dont ils feront eux-mêmes les frais. Ils y perdront une grande part d’innocence, face à des adultes pour qui on est forcément dans un camp ou dans l’autre, car de neutralité il ne peut y avoir en temps de guerre, quand bien même on a encore du lait dans le nez…

Ce dernier tome sera marqué par l’apparition du jeune Albéric, le petit-fils autiste du « Comte », chef de la Résistance à l’occupant. Tel « un ange perdu entre deux mondes » depuis que sa mère est morte en couches, le petit garçon est cloîtré dans un silence d’où jaillissent parfois des cris stridents, interrogeant par là même les certitudes des adultes. A commencer par son grand-père, acteur activement impliqué dans un conflit binaire, à qui il arrive de perdre patience face à cet enfant déconcertant.

Si la psychologie des personnages demeure assez fine dans un contexte réaliste, on notera toutefois un léger essoufflement sur le plan de scénario. Malgré quelques rebondissements héroïques, celui-ci ne réserve guère de surprises et donne l’impression de se répéter par rapport aux tomes précédents, avec une accélération des événements vers la fin de l’histoire au détriment d’une certaine cohérence. En effet, qu’adviendra-t-il de Ludwig et de Lucas, capturés par les Allemands avec l’aide du traître Léandre ? Cela, on ne le saura jamais… Cela ne remet pas en cause la qualité globale de la série, qui, en dehors du fait qu’elle nous renseigne sur ce que pouvait être la Première guerre mondiale hors des champs de bataille, reste avant tout une belle histoire d’amitié.

Un rien académique, le dessin de Hardoc reste efficace, mais ce que l’on retient une fois encore, c’est le joli travail tout en nuances sur les couleurs, avec le concours d’un certain David François, qui n’est autre que le dessinateur du « Vendangeur de Paname », qui vient de sortir chez Delcourt et a été chroniqué récemment sur ces pages.

Hasard du calendrier ou volonté de l’éditeur, la sortie de ce dernier volet coïncidait avec le 99e anniversaire de la fin de la « Der des ders ». Ainsi, cette épopée tout public, désormais achevée, est prête à confirmer sa notoriété à l’occasion de cette année commémorative. A noter qu’un « midquel » en deux tomes (« La Perspective Luigi ») doit voir le jour prochainement, racontant le périple des quatre orphelins en Allemagne entre le printemps 1916 et l’été 1917.