L'aube sera grandiose
de Anne-Laure Bondoux, Coline Peyrony (Dessin)

critiqué par Flo29, le 22 mars 2018
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Je ne m'attendais pas à ça...
Nine, une lycéenne de 16 ans, est attendue à la fête de son lycée. Mais sa mère embarque la jeune fille dans sa voiture, et l'emmène vers une destination inconnue. Commence alors une longue nuit de révélations, de secrets enfouis qui remontent à la surface et de questionnements. Qui est la mère de Nine en réalité?
Je ne m'attendais pas trop à ce que j'ai lu en regardant la quatrième de couverture. Une fois de plus, Anne-Laure Bondoux nous transporte loin du quotidien avec ses personnages attachants et un peu déjantés. C'est frais, extrêmement bien écrit et ça se dévore. Une belle pépite!
Quand l'aube paraîtra, les secrets auront été révélés. 4 étoiles

De quoi ça parle ?

Nine est furieuse. La grande fête du lycée doit se dérouler ce vendredi soir, pourtant rien ne se passe comme prévu. Titania, sa génitrice, l’a fait monter dans la voiture familiale et les voilà toutes les deux embarquées vers une destination inconnue. Torture et maltraitance ! L’adolescente crie au scandale. Mais sa mère fait la sourde oreille et le véhicule sort lentement des routes encombrées de la ville, s’engageant vers le lointain.

La nuit est tombée maintenant et Titania n’a livré aucune explication. Nine s’impatiente et commence à se poser des questions. Finalement, le voyage se termine inopinément lorsque, sous les yeux de la jeune fille de dix-sept ans, s’étale un grand lac enveloppé de la nuit épaisse. Au bord, une cabane marquée par le temps et l’humidité.

Sa mère la fait entrer, allume les braises dans le foyer et commence tranquillement à préparer le repas. Enfin, quand chacune est attablée, Titania prend la parole. La femme le sait, ses mots ne pourront se tarir qu’au lever du jour. Beaucoup d’explications doivent être données et une génération entière de l’arbre généalogique se trouve sur le point d’être dévoilée. Les non-dits ont assez duré, il lui faut parler à sa fille de sa famille, de son passé. Quand l’aube paraîtra, les secrets auront été révélés. Pour le meilleur ou pour le pire ? Cela, personne ne le sait…

Mon avis :

L’aube sera grandiose est un roman qui a rencontré un succès assez important au moment de sa sortie en librairie. Je le trouvais partout alors : sur les réseaux sociaux et même dans les bibliothèques de mes amies. Comme pour Boo de Neil Smith, je n’en rencontrais qu’éloges et recommandations. Mes attentes étaient donc élevées.

La structure :

La construction du récit est l’un des premiers éléments qui m’a marqué. Au fil des chapitres, le point de vue alterne entre le présent et le passé.

Dans le premier cas, nous sommes en compagnie de Nine et de sa mère, pendant que les deux jeunes femmes déterrent de vieux secrets enfouis.

Dans le deuxième cas, nous assistons justement à la résurrection de ce passé, au travers de l’enfance de Titania et de ses « lourds antécédents familiaux ».

Au premier abord, cette structure m’a paru très attirante. Je suis, je l’avoue, une grande fan de ce type de roman. Cependant, je ressors de cette expérience avec le goût amer de la déception…

Commençons par les points positifs toutefois :

Les qualités :

Les chapitres se déroulant dans le passé ont été, je trouve, une grande (voire la seule) réussite. Les moments insignifiants de l’enfance sont superbement dépeints et les personnages sont incroyablement touchants, attendrissants et vivants !

En somme, seuls les épisodes banals et communs du récit ont réussi à lui conserver un semblant de dignité. Un comble !

Par ailleurs, sur un aspect totalement différent, un léger bonus peut être accordé à la couverture de l’ouvrage, qui est, je dois dire, très esthétique.

Malheureusement, bien vite, les choses se gâtent…

Les défauts (et il y en a beaucoup…) :

Lorsque les soi-disant « révélations » viennent percer le tissu innocent de l’enfance de Titania, les affaires tournent rapidement au vinaigre. Les fameux plot-twist sont tirés par les cheveux et les évènements n’ont aucun lien les uns entre les autres.

Plusieurs fois, confrontée à la décision de l’un des personnages, je me suis questionnée sur ses motivations. Jamais je n’ai trouvé de réponses plausibles et acceptables : les actions de la trame n’ont pas de sens.

Les chapitres du présent sont improbables et niais ; les réactions mère-fille inappropriées et les moments de complicité mal racontés, ridicules. (Combien de fois me suis-je surprise à lever les yeux au ciel ?)

Enfin, le dénouement n’en est pas un, à tel point que j’ai dû rester plusieurs secondes, assise, à me questionner sur son sens et l’interprétation qui devait en être tirée. Encore une fois en vain.

Revue globale :

Beaucoup défendront probablement à corps et à cris ce roman, lui trouvant toute sorte de justifications et d’excuses. Mais pour moi, il n’a aucune consistance.

Les seuls passages agréables à mes yeux sont ceux de l’enfance, des souvenirs. Cependant, il semblerait qu’eux non plus ne servent à rien. Vers la deuxième moitié du roman, ils sont rapidement relégués au fond de la cour par l’auteur.

C’est à ce moment-là que se pose la question suivante : à quoi cela sert-il de raconter et de mettre en place un tel décor qui au final sera jeté à la poubelle ? Pourquoi placer le lecteur dans une atmosphère particulière avant de lui faire comprendre qu’en réalité, seules les soi-disant « explications » sont importantes (d’autant plus que celles-ci sont très peu révélatrices de quoi que ce soit) ?

Cet ouvrage tenait une bonne matière et un potentiel intéressant qui ont été gâchés. Je ne relirai plus de livre de l’auteur.

Petit point important concernant ce livre :

Avant de conclure cette critique, j’en profite pour apporter quelques brèves précisions sur la branche de littérature à laquelle appartient ce livre et qui de nos jours remporte de plus en plus de succès : la littérature « Young Adult ». Beaucoup d’adolescents de mon âge écument les titres de ce genre et ne jurent que par eux ! Pour moi cependant, ça ne marche pas.

Comme démontré ici avec L’aube sera grandiose, mais ce livre n’est pas isolé, les intrigues sont trop simples, trop enfantines. Les histoires sont grosso modo toujours les mêmes : de pauvres petits adolescents incompris ont de gros problèmes. Pourtant, ils sont les plus gentils, adorables et parfaits du monde (bien qu’ils le cachent parfois sous des airs sombres). Alors, vite vite, ils vont sauver le monde entier !

Enfin bref, la littérature adolescente, ce n’est pas ma tasse de thé et j’essaie en ce moment même de vider ma bibliothèque des derniers ouvrages de l’enfance/Young Adult. Je souhaite découvrir de nouvelles choses et ouvrir mes horizons comme on dit (non je ne suis pas folle).

Pourquoi, attendre pour découvrir la littérature « adulte » ? Est-ce vraiment nécessaire de patienter dans une autre catégorie apparemment « plus appropriée » à mon âge ?

Dervla3012 - - 18 ans - 28 juin 2020