Rupture
de Maryline Desbiolles

critiqué par Alma, le 20 mars 2018
( - - ans)


La note:  étoiles
Histoire d'une rédemption
Les années 50, la construction du barrage de Malpasset, la guerre d'Indochine, celle d'Algérie. Une époque qui sert de cadre temporel au parcours de François, le protagoniste. Nombre de détails se référant à l'actualité, au quotidien de cette période en recréent l'atmosphère.

François, ouvrier sur le chantier du barrage, puis appelé en Algérie retrouvera à son retour le travail au barrage et sera témoin de sa rupture. Un solitaire, un taiseux, toujours en retrait, affecté tout jeune par l'abandon de son père et marqué à jamais par les images traumatisantes de ce qu'il a vu et vécu en Algérie.
Il se sent habité par un double qui lui ressemblerait un peu, du prénom d'Augustin que son père aurait aimé lui donner et qu'il lui murmurait autrefois en l'embrassant, une sorte d'alter ego, un être tendre qui, lui, sait pleurer.
En participant aux secours lors de la catastrophe, il réconciliera ses deux facettes. En réconfortant les survivants, en nettoyant les morts de leur gangue de boue, il apaisera sa conscience d'avoir collaboré à cet ouvrage de mort.

Une écriture élégante, souvent suggestive et poétique, au rythme varié alternant petites touches discrètes et phrases amples et tumultueuses.

A la fois chronique des années 50 et récit plus intimiste, RUPTURE  offre le beau portrait d'un gars ordinaire, d'un anti-héros attachant pris dans le chaos d'une époque.
Ruptures 7 étoiles

Toute la vie de François sera marquée de ruptures.
Cela commence par la disparition de son père, parti dans le brouillard alors qu’il avait 8 ans. Des années à l’attendre, à s’interroger. Son père, qui lui chuchotait le prénom à l’oreille qu’il aurait voulu lui donner "Augustin".
La seconde rupture sera son départ pour rejoindre son ami René sur le chantier du barrage. Une fuite de la sombre vallée d’Ugine où son avenir semblait tracé dans une usine.
Il y découvrira une autre vie, dans une nature qui permet de vivre dehors, il découvrira la mer, et surtout l’amour en rencontrant Louise.
Puis l’Algérie.
Mais la rupture la plus dramatique est celle du barrage sur lequel il a travaillé, le tristement célèbre barrage de Malpasset près de Fréjus.

Maryline Desbiolles raconte la vie d’une jeune homme discret et un peu distant, introverti, d’une écriture laissant peu de place aux sentiments, semblant garder une réserve.
L’emploi répétitif du "il" maintient cette distance, cette impression de rester à l’extérieur de la vie, de ne pas être maître de son destin, spectateur plutôt qu’acteur
"François voudrait se boucher les oreilles. qu’on lui foute la paix. Il ne sait pas, il n’est responsable de rien, il n’y est pour rien. Mais il se tait. Il fait le mort une fois de plus."

Marvic - Normandie - 66 ans - 9 octobre 2018


Simple et efficace 9 étoiles

J'ai beaucoup apprécié la lecture de ce roman, c'est court, c'est simple mais c'est percutant.
Je ne sais vraiment pourquoi mais ce livre m'a un peu rappelé celui de Marie-Hélène Lafon "Joseph". C'est un personnage simple qui raconte sans fioriture son histoire et qui de plus nous raconte un pan d'histoire dont celui tragique du barrage de Malpasset.
A lire.

LesieG - CANTARON - 58 ans - 23 août 2018