Porcelaine 03. Mère
de Benjamin Read (Scénario), Chris Wildgoose (Dessin)

critiqué par Shelton, le 14 mars 2018
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Remarquable conte bédé...
Je voudrais aujourd’hui vous présenter une série de bande dessinée atypique, plus exactement qui sort des sentiers battus et même archi-battus du genre franco-belge. En effet, oublions le réalisme gentillet et les histoires qui finissent bien pour plonger dans l’univers de Porcelaine, fruit de l’imaginaire combiné du scénariste Benjamin Read et du dessinateur Chris Wildgoose !

Nous ne sommes donc pas dans de la bande dessinée franco-belge ligne claire mais, pourtant, nous ne sommes pas non plus dans les Comics classiques comme les Américains savent nous les proposer. Après tout, c’est bien normal car la Grande-Bretagne n’est pas de notre continent, c’est une île, mais elle n’est pas non plus Outre-Atlantique, ça ce saurait depuis le temps… Non ?

Alors, Porcelaine est une série intermédiaire qui va plus chercher ses origines et ses influences du côté de Charles Dickens – pour le côté sombre et noir – du côté de Mary Shelley – pour le côté reconstruction de l’humain et expérimentation folle – ou, enfin, du côté de Lewis Caroll – pour ce jeu de conte enfantin et gothique. Oui, il y a de tout cela dans Porcelaine mais probablement encore plus… Oui, il y a l’esthétique d’une magnifique bande dessinée réalisée avec talent !

Il faut, bien sûr, que je vous en dise un peu plus sur l’histoire qui n’est pas pour les enfants, osons le dire tout de suite. C’est bien une série pour adolescents et adultes car on va jouer avec la vie, avec la mort, la guerre et l’amour, le passé et l’avenir…

Le personnage central de ce premier cycle de trois albums majestueux – on ne sait pas encore s’il y aura une suite… – est une femme que l’on va découvrir dans le premier album dans son enfance, puis dans le second, jeune femme et, enfin, dans le troisième, mère. On mesure assez vite l’aspect conte qui nous raconte la vie d’une femme, d’un être humain d’une façon générale, même si on ne peut pas présenter ce personnage comme représentatif de la femme ou de l’être humain… Mais n’en disons pas trop !

Pourquoi Porcelaine ? Ah, là nous commençons à nous approcher du cœur de cette histoire… Je vais vous ouvrir quelques portes sans vous accompagner au bout des couloirs… Il va y avoir des constructions en porcelaine, des constructions particulières car il va s’agir d’humanoïdes… Le créateur revendique le titre d’alchimiste et de toute évidence la phase ultime de sa création est délicate, iconoclaste et géniale… mais aussi un peu dangereuse et inhumaine… Enfin, ce processus de création pourrait tomber dans les mains de personnes peu regardantes qui détourneraient les créatures de porcelaine pour faire… Non, je ne vous dirai pas le danger qui les guettent car ce serait un mauvais service à vous rendre… Cela pourrait vous gâcher la lecture… Terrible, non ?

Mais ce conte illustré, cette bande dessinée, est aussi une histoire de la transmission, aussi bien celle du scientifique à son élève que celle de la mère à ses filles… C’est aussi une réflexion sur la science, sur la vie en société, sur les conflits… C’est encore un conte poétique merveilleux et fantastique…

Bref, je dois avouer que cette série m’a réjoui le cœur et je ne peux que vous en conseiller la lecture. Néanmoins comme il s’agit bien d’un conte noir et gothique, je ne peux que prévenir, une fois encore, que cette lecture n’est pas destinée aux enfants. Oui, ce n’est pas parce que l’on parle de bande dessinée que tout serait pour enfant !

De même que précisons bien qu’une lecture pour adolescents et adultes ne signifie pas non plus que cette bédé contiendrait des scènes érotiques… Non, cela signifie simplement que certains thèmes abordés ne conviennent pas aux enfants, surtout non accompagnés… Mort, liberté, vie, amour, haine, guerre… Il s’agit bien d’une histoire profondément humaine mais dure… dure comme la vie, d’ailleurs !