Lili Blues
de Florence K.

critiqué par Libris québécis, le 12 mars 2018
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
L'Éternel Triangle amoureux
Florence K. est une jeune musicienne et une chanteuse très appréciée au Québec. Tout le monde la connaît. C’est une Montréalaise dont le père est Hany Khoriaty, un musicien, et la mère, Marthe Choquette, une cantatrice. De la musique à la littérature, il n’y a qu’un pas, faut-il croire. D’abord, l’auteure s’est exercée à l’écriture avec Buena Vida, un récit sur son enfance de saltimbanque. En 2017, elle récidive avec un roman, Lili Blues, qui présente l’éternel triangle amoureux. Et comme l’indique le titre, les personnages ont les bleus comme on dit au Québec, ce mal-être que l’on désigne par un anglicisme.

Ce n’est pas seulement Lili qui broie du noir. Son blues est contagieux. La protagoniste est une comédienne avantageusement connue qui s’est éprise de Sam, un réalisateur d’envergure qui a succombé à ses charmes. Mais il se trouve qu’il est marié à Vanessa et père d’’Emma. En somme, Florence Khoriaty noue avec une thématique fort explorée. Il ne reste aux lecteurs qu’à se demander ce que réserve le dénouement de cet imbroglio corrosif.

Portée par son diplôme universitaire en psychologie et son expérience personnelle, l’auteure brosse le tableau des déséquilibres responsables des échecs amoureux. Qui peut s’avérer être un as dans le domaine ? Même les psys peuvent être des deux de pique quand ils sont impliqués dans une telle relation. L’amour aveugle, dit le dicton, mais on recouvre la vue si l’on décide de vivre en couple. Florence K. débroussaille donc le terrain miné de l’amour. Quelles sont les entraves qui empêchent les amoureux de larguer les amarres ? La réponse ne tarde pas. Les sentiments malsains viennent brouiller l’horizon au point de perdre le cap des amours heureuses. Dans ce triangle, personne ne parvient à comprendre ce qui lui arrive. Tout a contribué à leur aveuglement. Leur éducation au premier chef, le manque d’estime de soi. Et la liste est longue.

Sam, Vanessa et Lili vivent tous le même problème. Ils aiment les émotions rattachées à l’amour sans aimer réellement la personne qui les suscite. Dans ce contexte, la passion est livrée avec une garantie de déconfiture. Finalement, il faut réparer les pots cassés afin de recouvrer sa sérénité. Vanessa se rend dans un ashram en Inde où elle s'initie au yoga, et Lili se paie une thérapie. Ces recours artificiels fournissent-ils les outils nécessaires pour diffuser l’éclairage approprié sur les maux de l’âme ? Des maux profonds qui génèrent des régressions quand on est désemparés. Les adultes seraient-ils des grands enfants à l’égard de l’amour ? On espionne l’autre pour le mieux accuser au lieu de chercher sa part de responsabilité de l’échec.

L’auteure illustre bien la thématique de l’intérieur. Mais ce n’est pas suffisant pour soutenir l’intérêt du lecteur. Ce roman ressemble trop aux propos des téléromans ennuyeux sur le sujet. Et la lourdeur de l’écriture ne peut que nuire à l’envie de lire cette œuvre pourtant honnête.