Sommes-nous trop bêtes pour comprendre l'intelligence des animaux ?
de Frans de Waal

critiqué par Colen8, le 10 avril 2019
( - 82 ans)


La note:  étoiles
« … une différence de degré et non d’espèce »(1)
Parvenu au terme d’une carrière consacrée principalement aux grands singes, l’éthologue néerlandais De Waal livre pêle-mêle une synthèse des recherches sur ce qu’il est convenu d’appeler la cognition évolutive comparée. Etayées par des séries d’expériences en laboratoires et d’observations en milieu naturel, il s’agit d’évaluer les facultés mentales d’animaux depuis les primates qui nous sont si proches jusqu’aux invertébrés, en essayant dans la mesure du possible de se mettre à leur place dans la conception et la réalisation des tests. Le behaviorisme des psychologues ne voulant admettre que de l’instinct et du conditionnement dans les comportements animaliers a fini par céder devant les études d’une part grandissante des zoologues et biologistes du monde entier que rejoignent les propres conclusions de Frans De Waal.
Il n’y a plus lieu d’entretenir les préjugés de l’espère humaine se considérant au sommet du règne du vivant sur la foi d’une échelle de supériorité affirmée déjà par Aristote. Le test du miroir révèle une certaine conscience de soi, mais beaucoup d’autres facultés sont à prendre en compte : l’empathie, l’apprentissage, l’imitation, la mémoire, la reconnaissance des visages, la projection dans le temps, l’intentionnalité, la communication, la coopération, la tromperie, la hiérarchie sociale incluant le règlement des conflits. Toutes ces facultés se retrouvent à des degrés divers partagées entre nous et la plupart des espèces sauvages ou domestiquées : les mammifères certes, mais aussi les oiseaux, les poissons, les insectes sociaux ainsi que … les poulpes.
(1) Selon Darwin(1871) : « Si considérable qu’elle soit, la différence entre l’esprit de l’homme et celui des animaux les plus élevés n’est certainement qu’une différence de degré et non d’espèce ».