De la Quête du Graal au Nouvel Age : Initiation et Chevalerie
de Georges Bertin

critiqué par Fanou03, le 21 février 2018
(* - 48 ans)


La note:  étoiles
Les chevaliers aux temps modernes
De la quête du Graal au Nouvel Âge explore, après les avoir présentées et analysées, les ramifications de la chevalerie et de ses rites initiatiques au cours du temps, en particulier dans le monde moderne et contemporain. Georges Bertin introduit son propos par l’origine de la mythologie chevaleresque, fondée essentiellement sur la littérature médiévale arthurienne. Il explicite, à partir d’une approche symbolique, les étapes et les caractéristiques de l’initiation chevaleresque, qui est le « chemin » devant permettre de passer de la sphère profane à la sphère sacrée, par l’intermédiaire du religieux (au sens étymologique, « qui relie »). L'auteur insiste en particulier sur l’importance de la figure de l’ermite, en tant que passeur de savoir.

L’ouvrage se consacre ensuite aux mouvements qui ont porté, ou portent encore tout ou partie de la symbolique du mythe chevaleresque : l’Ordre des Chevaliers du Temple au Moyen-Âge, les divers courants de la Francs-maçonnerie à l’époque moderne, le scoutisme, et pour finir les manifestations du New Age.

Voilà un ouvrage qui m’a laissé bien dubitatif. Tout d’abord le sujet je dois dire m’a interpellé à plusieurs titres. C’est en effet la première fois que je lisais une approche ésotérique de la chevalerie. D’autre part la démonstration comme quoi les rites initiatiques de la chevalerie ont influencé les mouvements cités dans le livre est très convaincante et riche en réflexion mais est desservie globalement par une très mauvaise finition formelle de l’ouvrage : nombreuses coquilles orthographiques, abréviations inexpliquées, ou abusives (par exemple l’auteur parle de l’archéologue « US » John Monson pour « américain »), passages tout à coup peu explicites quant aux références (ainsi la référence, sans transition, de la figure du chevalier à celle de « Braspathi le Dieu qui s’incarne en Drona »). Tout cela donne la sensation désagréable d’un essai bâclé, mal relu, par l’auteur comme par l’éditeur.

L’érudition de Georges Bertin est indéniable : il mêle ses propres réflexions à de nombreuses références sur la question, certaines connues (Georges Dumézil sur l’analyse mythologique). Il est d’autant plus dommage qu’une partie de son discours reste inaudible du fait de ce problème de forme ou de manque de rigueur. Ainsi le long passage consacré à la Franc-Maçonnerie, mouvement qui cultive le secret s’il en est et qui prête à tous les fantasmes, ne m’a malheureusement guère plus éclairci sur ses tenants et ses aboutissants. De même le « Rituel de l’Ombre » prêté aux templiers (les nouveaux templiers devaient soi-disant renier Dieu et cracher sur la Croix) est évoqué de façon brute sans analyse critique (l’existence de ce rituel aurait été enfin extorqué sous les coups des bourreaux de Philippe le Bel) ce qui est quand même dommage !

Spiritualité, mysticisme, folklore, anthropologie : l’ouvrage de Georges Bertin ouvre pour le novice comme moi des voies inattendues mais dans un mode qui m’a déconcerté, d’autant plus que l’auteur met beaucoup de lui-même dans ces propos. Investi dans l’Ordre des Chevaliers et Dames de la Table Ronde, une association prônant les valeurs chevaleresques (respecter sa parole, défendre les faibles, etc..), il ne cache pas ainsi ses bienveillances (envers le scoutisme) et une certaine critique envers les dérives de la Franc-maçonnerie.