Le goût de la limace
de Zoé Derleyn

critiqué par Pacmann, le 21 février 2018
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Un drôle de goût
Un recueil qui ne propose pas de nouvelles très extraordinaires mais offre une observation à la loupe et parfois dérangeante de notre quotidien.

On voit tout de suite la touche féminine qui caractérise cette écriture travaillée et subtile et qui conduira le lecteur soit à pousser des soupirs, à se gratter la tête mais aussi à s’interroger sur le sens de ces récits dont le contexte n’est pas toujours facile à situer.

Un peu trop d’intellectualisation pour en dire quelque chose de vraiment positif.
Le goût de la limace 8 étoiles

Un tout premier recueil de nouvelles pour Zoé Derleyn, et pas des moindres car il était dans la sélection du dernier prix Rossel 2017.

Dix nouvelles du domaine de l'intime mettant en évidence les zones d'ombre et de lumière des personnages souvent en équilibre entre la vie et la mort.

Le camion : à partir d'une photo d'enfant, de la description d'une chambre, d'odeur et d'atmosphère. Un entretien avec sa grand-mère qui lui livrera un lourd secret.
Le goût de la limace : une rencontre furtive dans un bistrot. Ana va replonger dans le monde de l'enfance. Nostalgie qui la ramène à son premier amour, à ses défis idiots dont le goût visqueux revient après tant d'années.
Veillée : la mort apparaît souvent dans ce recueil, veillée funèbre pourtant si proche de la vie qui continue.
Pluvier : soirée molle remplie d'espoir jusqu'à ce que la pluie et l'orage perturbent les réjouissances...
Rumeurs : lors de la crémation de S, des rumeurs circulent, son ami, "frère de coeur" qui partageait l'intime est présent, il sème le trouble et suscite l'envie.
Terrain vague: nostalgie, enfance, futilité et gravité, vie et mort- choix délibéré - rendez-vous manqué entre une mère et son enfant
La mort dans la nuit : une petite fille malade chez sa grand-mère en plein hiver, sa vie pourrait lui échapper, elle s'accroche à l'envie d'écrire.
Le petit : un géant, le fils de l'amant : dans le jeu de la séduction , la peur de s'engager, de se fixer
Peau de rousse : Audrey est ado, elle rêve de solitude en regardant le ciel , pendant que ses parents font de la spéléo
Sur la route du paradis est la dernière nouvelle.
Un joli premier recueil où la frontière entre la vie et la mort est mince, dont le thème principal est l'exploration intérieure. Des nouvelles qui percutent en plein coeur. Zoé Derleyn avec finesse nous conte à chaque fois avec justesse les impressions ressenties par les personnages. Elle nous emmène dans l'intime, dans l'inavoué, dans la part d'ombre de chacun oscillant entre l'étrange et le familier.

Doutes, peurs, solitudes, le tout avec une plume impeccable suscitant l'émotion.

Ma note : 8.5/10

Les jolies phrases


Elle se souvint que, plus jeune, elle croyait que faire l'amour était la chose la plus intime qui soit et qu'après tout était possible, que c'était comme une porte qui ouvrait sur tout le reste, et puis elle avait compris que ça n'ouvrait sur rien d'autre que la jouissance, et encore, avec de la chance, mais que pour ouvrir les autres portes il fallait autre chose, qu'il ne suffisait pas de se mettre tout nu l'un contre l'autre.

Aimer, être aimé, fait-on vraiment la différence ?

Avec S., elle avait eu l'impression de retrouver quelque chose d'intime. Quelque chose qu'elle avait laissé derrière elle, dans son enfance, entre deux tombes d'un vieux cimetière ou sur le plancher roux d'une cuisine, quelque chose de perdu qui était réapparu.

Le gros voisin m'a fait signe depuis sa fenêtre. Il a un ventre énorme, on dirait qu'il essaie de s'échapper de sa chemise.

J'ai décidé de tout faire en courant toute ma vie pour que mon coeur batte très vite et ne s'arrête jamais.

Nathavh - - 60 ans - 17 avril 2018