Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio
de Amara Lakhous

critiqué par Jfp, le 18 février 2018
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
salade romaine
Un livre, petit par la taille, mais grand par la qualité de l’écriture et la force du message délivré dans cette chronique du racisme ordinaire. Des personnages d’origines sociales et culturelles variées se côtoient dans un immeuble d’une Rome contemporaine et terriblement universelle. Le point focal de ce microcosme est l’ascenseur, que certains voudraient voir réservé aux plus "méritants", entendez par là les Italiens de souche, les vrais, et plus précisément ceux du Nord, alors que d’autres préfèrent ne pas l’utiliser pour ne pas alimenter les ragots. Car ils y vont fort, ces ragots, surtout ceux colportés par Benedetta, la concierge, d’origine napolitaine et fière de l’être, au sujet de tous ces Albanais, Philippins et autres Sénégalais (elle confond tout) qui envahissent "son" immeuble et salissent "son" ascenseur. Elle n’est pas la seule, d’ailleurs, il y a même un professeur d’université qui voudrait cadenasser ce fichu ascenseur. Heureusement qu’il y a aussi cet Amedeo (prononcer Amede’, à la romaine), dont on ignore malheureusement les origines mais qui connaît Rome comme sa poche et peut en rabattre aux plus fieffés linguistes question connaissance de la langue italienne. Quand on l’interroge, il dit venir du sud du Sud, mais en Italie on est toujours au sud de quelque chose, n’est-ce pas, alors les langues se taisent, pour tout le monde il est Italien, e basta. Chaque personnage s’exprime dans son parler quotidien, avec ses défauts et ses qualités, mais la truculence ne masque pas l’amertume du propos. Il s’agit bien d’un pamphlet antiraciste, et des meilleurs…