Androïdes 01 - Résurrection
de Jean-Luc Istin (Scénario), Jesús Hervás Millán (Dessin)

critiqué par Kabuto, le 15 février 2018
(Craponne - 63 ans)


La note:  étoiles
Lois de la Robotique
Premier tome d’une série qui s’inspire des robots d’Asimov, j’ai bien aimé cette histoire se passant dans un futur désenchanté et peuplé d’immortels cherchant un sens à leurs vies éternelles. L’intrigue est bien menée et nous entraîne gentiment vers un joli dénouement. Les dessins sont sympas et c’est d’ailleurs eux qui m’ont attiré vers cette BD mais je les trouve assez inégaux. Les planches réussies alternant régulièrement avec des cases un peu moches. Par contre les couleurs sombres collent parfaitement avec l’ambiance de cet album agréable et au final, assez plaisant.
Un androïde peut-il posséder une âme? 6 étoiles

Au début de l’histoire nous sommes à New-York en 2545. La société Microcorp a inventé le mélange, dit «la pilule bleue», qui assure l’immortalité et la jeunesse éternelle aux habitants de la Terre. Plus de maladies, plus de vieillesse. Corollaire, l'humanité est frappée de stérilité, et plus personne sur terre n'a engendré d'enfants depuis 500 ans.

Nous faisons la connaissance de Liv Anderson, policewoman un peu cyberpunk, au caractère bien trempé, qui est appelée pour enquêter sur le meurtre d'un directeur de musée, retrouvé chez lui criblé de balles. Mais, très vite, ce qui ressemblait au départ à une banale affaire de meurtre, semble conduire à terrible secret. Et ceux qui le gardent sont prêts à tout pour le préserver, y compris à tuer quiconque s'en approche trop près.

Parallèlement, nous suivons l’histoire d’Anna Hopkins, jeune restauratrice de tableaux anciens, qui tombe brusquement malade. Elle est prise de nausées et de vomissements. Elle consulte le Dr Castle et le verdict tombe. Depuis plus de 500 ans, c’est du jamais vu… Anna est enceinte!..

Basé sur une idée originale des éditions «Soleil» qui ont demandé à quatre équipes différentes, d’imaginer quatre récits complets avec pour seul thème «L’androïde» et comme seul guide les «Trois lois de la robotique» telles que définies par Isaac ASIMOV (1920-1992), «Résurrection» en est donc le premier opus.

En partie inspiré du livre «Le bal des schizos» de Philip K. DICK (1928 – 1982), - auquel il rend d’ailleurs hommage en début de la BD -, le scénario de M. Jean-Luc ISTIN (*1970) est classique, mais solide et efficace. Il y a bien quelques incohérences dans l’histoire, mais dans l’ensemble il tient bien la route. Et le « twist» final assez impressionnant et inattendu apporte une bonne «bouffée d’air frais» à l’histoire! Il est dommage que la fin soit si bâclée et si précipitée.
Sinon, désolé de dire que le scénario a aussi un air de «déjà vu»! Behn oui, les voitures qui volent au milieu des bâtiments, c’est devenu classique! Et d’ailleurs si tel est le cas, comment se fait-il que la moto de Liv a des roues et roule sur le sol? (p. 26 et 27).
Les personnages par contre, manquent, eux, de personnalité et l’on ne développe vraiment pas assez leur psychologie, mais, au vu de l’histoire c’est peut-être un «effet» recherché par le scénariste.

Les dessins de l’espagnol Jesús HERVÁS MILLÁN (*1978) ne sont eux par contre pas à la hauteur de l’histoire. Entendons-nous bien, ils ne sont pas mauvais, pas mauvais du tout, glauques et sombres à souhait, un peu comme l’histoire. Par contre quel laisser-aller dans les arrières plans!
Réduire les vues sur une église millénaire, p. 10 et 11 p. ex. à des vitraux dépolis, un dallage au sol et une colonne, c’est franchement dessiner le minimum syndical ! Sans parler du fait que dès qu’un visage est vu de loin, il se réduit alors à quelques simples traits! p. 12 et 48 p. ex.
Mais surtout quelle négligence dans les dessins. Passe encore sur le verre posé sur la table et qui change de place tout seul (p.. 29-31)… Passe encore que le tableau «Le radeau de la Méduse» (très mal dessiné, d’ailleurs…) de Théodore GERICAULT (1791-1824), se retrouve à New-York? Soit, en 2.545 le Louvre l’a peut-être vendu aux USA…
Mais, que dans le futur (p. 25), l’onomatopée d’un coup de feu soit devenue «Budda» ça je n’y crois pas une seconde! Quant au procédé de faire un dessin et de mettre un grand «X» sur le dessin du visage de la personne dont on parle, (p. 31-33), puisque celui qui raconte refuse de révéler l’identité, je trouve cela un peu, disons… «gonflé», non?

Je termine donc plutôt déçu! C’est une bonne BD, mais certainement pas une grande réussite! L’histoire, au demeurant très originale, aurait pu être bien mieux exploitée et avec de biens meilleurs dessins!

Septularisen - Luxembourg - 56 ans - 31 décembre 2018