Carnaval
de Ray Celestin

critiqué par Ardeo, le 15 février 2018
(Flémalle - 77 ans)


La note:  étoiles
La Nouvelle-Orléans
Ray Celestin n’est certes pas encore très connu mais si sa prose future se révèle aussi intéressante que dans ce premier roman, cela risque de changer.

Le roman se situe à la Nouvelle-Orléans Louisiane en 1919. Un tueur en série sévit et comme tout bon tueur en série, il a des petites manies : il « plante » une hache dans ses victimes et il laisse une carte de tarot sur les lieux de son crime. L’affaire frappe l’imagination populaire et intrigue ou fascine de nombreuses personnes dont certaines -par la force des choses ou pas- vont se mettre sur la piste du criminel : le policier Michaël Talbot (et son jeune partenaire Kelly), un journaliste John Riley, un agent féminin de la légendaire agence Pinkerton, Ida Davis aidée par son ami Lewis trompettiste à ses heures (Lewis comme Louis) et un ancien policier fraichement sorti de prison, vite sollicité par ses anciennes relations, Luca d’Andrea. Naturellement, d’autres personnages viennent se joindre à ces héros et vont contribuer à donner une ambiance particulière au roman.

Le personnage principal est certainement la Nouvelle-Orléans elle-même, ville « coincée » entre le principal fleuve des Etats-Unis, le Mississippi et le lac Pontchartrain, cette ville du Sud de toutes les différences et de toutes les cultures. Celestin cite fréquemment les différents quartiers et les voies principales de la ville (d’ailleurs, il ajoute en tête du livre un plan détaillé, une carte pour que le lecteur intéressé puisse se repérer et repérer les lieux des évènements qui se déroulent). Il montre les taudis des quartiers pauvres, les quartiers malfamés où sévissent les mafias, les lieux de réjouissance où l’on joue du jazz pour se sentir vivre et parfois pour conjurer le sort, les quartiers à majorité noire, ceux plus ouverts aux « cajuns », ceux où sévissent la magie, le vaudou, la prostitution, le trafic d’alcool …

Le récit est bien mené et l’enquête dévie parfois mais reste présente, compréhensive et attachante, intrigante jusqu’à la fin malgré de nombreuses péripéties annexes. Les rites vaudou sont évoqués et illustrés, les personnages se débattent dans le chaos de la ville alors que se profile un ouragan (redouté mais auquel les habitants sont ‘comme les autres fois’ habitués et parfois résignés) et le Carnaval …

J’ai apprécié le style de Celestin et j’avoue m’être vraiment intéressé à cette partie du monde et à cette ville au point que ce que je sois allé consulter de nombreux articles sur Wikipedia et sur le Web pour m’informer et mieux comprendre l’historique de ces évènements et celui de «L’homme à la hache », https://mindshadow.fr/homme-hache-nouvelle-orleans… la ségrégation raciale bien entendu, le vaudou, la Nouvelle-Orléans.
Le jazz, je connaissais déjà ! ????
Jazz, hache et vaudou 7 étoiles

J'avais déjà eu l'occasion de faire connaissance avec l'Homme à la Hache dans la troisième saison d'American Horror Story dont je n'avais encore jamais entendu parler jusque là alors qu'il a quand même réussi l'exploit de faire danser la Nouvelle-Orléans au son du jazz pendant toute une nuit ! L'auteur nous présente ici une version assez différente mais également bien trouvée avec une intrigue plutôt prenante et bien menée. J'avais pourtant un peu peur au début qu'elle ne s'éparpille car l'on suit tout de même le point de vue d'au moins cinq personnes différentes, surtout que l'enquête peine un peu à véritablement démarrer le temps de poser tout le décor, mais au final tout cela est plutôt bien coordonné et tout s'emboîte parfaitement. La contrepartie c'est que chacun des "enquêteurs" ne réussit à dévoiler qu'une facette de ce mystère et seul le lecteur aura droit à une vue d'ensemble, cela permet d'éviter des situations qui se répètent en offrant ainsi à chacun un rôle différent, mais c'est également légèrement frustrant pour les personnages principaux.

Ce roman permet aussi de mettre en vedette la ville de la Nouvelle-Orléans aux cultures et influences hétéroclites et l'auteur arrive d'ailleurs très bien à retranscrire son ambiance si particulière, c'est presque comme si on y était. Un livre que j'ai donc bien aimé, le cadre est original et très bien traité, les personnages sont variés et intéressants, même si certains sont un peu sous-exploités, et le récit est bien construit, une belle petite découverte donc.

Koolasuchus - Laon - 35 ans - 27 avril 2020