L'ombre sur la lune
de Agnès Mathieu-Daudé

critiqué par Ddh, le 10 février 2018
(Mouscron - 83 ans)


La note:  étoiles
Amour - Art - Mafia
La lune comme une lune de miel, symbole de l'amour ; mais cet amour n'est pas éclatant, une ombre plane sur elle.
Agnès Mathieu-Daudé a fait des études d'histoire. Elle a travaillé comme conservatrice du patrimoine, spécialisée en restauration d’œuvre d'art. L'ombre sur la lune a été choisi par un jury pour faire partie de la sélection du Prix Horizon 2018 de Marche-en-Famenne qui couronne un deuxième roman.
Blanche, employée d'un musée parisien, est chargée d'accompagner un Goya qui sera exposé au Prado à Madrid. Elle se passionne pour Fernando Torrès, footballeur à l'Atletico Madrid. Soong-May-Ling, une géante chinoise de deux mètres, surnommée La Giganta, proche de la mafia, adore son chow-chow Tchang-Kai-Chek et rêve d'un Goya où figure un petit chien. Attilio Amaro, un mafieux italien, est chargé de se le procurer. La passion amoureuse s'en mêle : Attilio se rapproche de Blanche pour accomplir sa mission au musée.
Blanche, Attilio, La Giganta : ce trio particulier emplit les pages de ce roman au plus grand bonheur du lecteur. Une habile progression dans le déroulement du roman tient le lecteur en haleine. La vie des musées est aussi mise en valeur et aussi les pratiques mafieuses. On s'y croirait tant les descriptions sont précises, enrobées dans une langue distinguée.
L'ombre sur la lune 8 étoiles

Attilio est sicilien et le jour de ses noces, il ensable son épouse vivante ! Etrange personnage, d'accord c'est un procédé qui ressemble à la mafia qu'il fréquente mais tout de même étrange d'entrée de jeu.

Il sera contacté par "la Gigante", Soony May-Ling, une chinoise de 2 mètres qui dirige la mafia chinoise espagnole. Elle est dingue de chiens et contacte Attilio pour une demande un peu spéciale.

Blanche travaille dans un musée, elle pense être le sosie du joueur de foot Fernando Torres. C'est dans un stade que l'on fait sa connaissance.

Quel rapport me direz-vous entre ces personnages ? Quelle entrée en la matière étrange et loufoque ! C'est quoi ce récit ? Ce sont les interrogations que je me suis posées.

Intriguée j'ai poursuivi la lecture car la plume est belle et agréable, poétique même.

Ce récit va nous emmener en Andalousie, dans les coulisses du monde de l'art et de celui de la tauromachie.

Un récit que j'ai apprécié, un peu burlesque, décalé où des personnages malmenés par la vie, étrangement assortis, s'attirent et se complètent.

Une lecture originale avec une plume magnifique dans le cadre du Prix Horizon 2018.


Ma note : 8 /10

Les jolies phrases

Il fallait avoir tout perdu pour espérer gagner et c'est vrai qu'en ce moment, il perdait beaucoup.

La foule est comme ça, au moindre frémissement elle écarquille les naseaux, on peut l'entendre souffler, un grondement rauque qui monte et vous intime de la suivre. Et d'un seul geste la foule se redresse, la foule s'emballe, la foule charge sans savoir vers où ni vers quoi, la foule ne sait rien sinon le mouvement.

Blanche détestait que l'on diluât l'alcool dans des montagnes de glaçons, des branches de menthe rabougrie et du jus de citron en bouteille avant d'y planter une, voire deux pailles, comme si les femmes étaient siamoises, dotées de deux orifices buccaux, en plus de mineures ou grabataires.

Nathavh - - 60 ans - 22 mai 2018