Ne fais confiance à personne
de Paul Cleave

critiqué par Killing79, le 5 février 2018
(Chamalieres - 45 ans)


La note:  étoiles
Thriller amnésique
Présentation de l'éditeur
Les auteurs de thrillers ne sont pas des personnes très fréquentables. Ils jouent du plaisir que nous avons à lire d'abominables histoires, de notre appétit pour des énigmes qui le plus souvent baignent dans le sang. Ce jeu dangereux peut parfois prendre des proportions inquiétantes et favoriser un passage à l'acte aux conséquences funestes. Eux les premiers, qui pensent connaître toutes les ficelles du crime parfait, ne sont pas à l'abri de faire de leurs fictions une réalité.
Prenez par exemple Jerry Grey, ce célèbre romancier, qui ne sait plus très bien aujourd'hui où il en est. À force d'inventer des meurtres plus ingénieux les uns que les autres, n'aurait-il pas fini par succomber à la tentation ? Dans cette institution où on le traite pour un Alzheimer précoce, Jerry réalise que la trame de son existence comporte quelques inquiétants trous noirs. Est-ce dans ses moments de lucidité ou dans ses moments de démence qu'il est persuadé d'avoir commis des crimes ? Quand la police commence à soupçonner les histoires de Jerry d'être inspirées de faits réels, l'étau commence à se resserrer. Mais, comme à son habitude, la vérité se révélera bien différente et bien plus effroyable que ce que tous ont pu imaginer !


Mon avis: C’était la première fois que je lisais un livre de Paul Cleave. Via les différents blogs dont je me nourris, l’efficacité de ses thrillers semblait faire consensus. J’ai donc profité de la sortie de son dernier né pour la rentrée littéraire de Septembre pour faire connaissance avec cet auteur néo-zélandais.

« Ne fais confiance à personne » est un pur thriller psychologique. Toutes les clés de l’histoire reposent dans l’esprit d’un seul protagoniste : le narrateur. Celui-ci est atteint de la maladie d’Alzheimer. Par conséquent, la défaillance de sa mémoire joue le rôle principal de cette aventure. Chaque fait ou chaque souvenir est sujet à caution. A cause de sa pathologie, l’écrivain confond les romans qu’il a écrits avec la réalité. Le lecteur ne sait jamais si les évènements sont vrais ou s’ils ont été imaginés. De plus, l’ensemble des personnages qui gravite autour apporte de nouvelles informations à la reconstruction de la vérité. Ces informations se contredisent parfois et au fil du texte, on ne sait plus à qui se fier.

Pour mettre en place les pièces de ce puzzle mental, l’auteur alterne entre le récit des différents acteurs dans le présent et la découverte du journal intime de l’amnésique, qu’il a tenu avant de perdre totalement ses moyens. Ce type de narration permet de faire avancer l’histoire tout en l’agrémentant d’éléments du passé. Le déroulement de l’affaire se dévoile lentement, faisant apparaître petit à petit le tableau final. La dose de suspense est donc au rendez-vous.

Côté regrets : certains passages sont un peu longuets et assommants. Pendant une bonne centaine de pages, le narrateur se répète beaucoup et ça devient bavard. La fin est aussi un brin tirée par les cheveux. Mais ces petits défauts ne doivent vous rebuter car sous la plume de l’auteur, la mécanique de l’intrigue est bien ficelée et je suis resté captivé jusqu’au bout. Je me suis laissé balader avec plaisir par les fausses pistes distillées au fil du roman. Sans être complètement conquis, je ressors assez satisfait de cette première rencontre avec Paul Cleave.