Les morts seraient moins tristes s'ils savaient qu'ils pourront encore se tenir les côtes en regardant les vivants
de Philippe Bouvard

critiqué par Catinus, le 2 février 2018
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Un sacré bon bain de jouvence !
Une des hantises de Philippe Bouvard est sa propre mort. Il imagine qu’il vient de décéder, que ses proches l’ont mis sous terre (avec par-dessus un dalle du plus beau marbre) et qu’ensuite, tous ces braves gens s’en sont partis ripailler avec ses sous. L’homme (le tout nouveau défunt donc) nous parle de ses nouveaux voisins au cimetière de Montmartre et ne manque pas de médire sur ces s**lauds de vivants. C’est le troisième bouquin du genre et l’auteur nous certifie qu’il n’y en aura pas un quatrième sur le sujet.

Un sacré bon bain de jouvence tout particulièrement pour les personnes d’un certain âge, et a fortiori pour celles d’un âge certain.


Extraits :

- ( le moment venu de passer l’arme à gauche, de faire le grand saut) N’en faites pas un drame. Depuis que le monde est monde, environ 75 milliards d’hommes y sont passés avant vous.

- Pourquoi, alors qu’on n’existait pas encore avant de naître, existerait-on après la mort ?

- L’enfer est, hélas, plus crédible. Les peintres, les poètes, qui ont essayé de décrire l’enfer ou le paradis, se sont tous interrompus afin d’aller aux renseignements. Mais aucun n’a repris ensuite le travail.

- ( à propos du suicide de Frédéric Dard) Il avait eu d’abord beaucoup de peine à dénicher une chaise assez haute pour pouvoir accrocher à un clou planté dans le plafond le nœud fatal. Puis, à la première suspension, le clou avait lâché. Il en avait trouvé un autre à peu près à la même hauteur mais cette fois, c’est la corde qui n’avait pas supporté son poids. Sa famille, alertée par le bruit de ses chutes, l’avait remonté tant bien que mal de la cave à sa chambre. Là, allongé sur son lit, il avait machinalement ouvert la Bible qui lui tenait lieu de livre de chevet. En haut de la page qui s’était ouverte par hasard, il avait lu cet encouragement du Seigneur : « Repens-toi ! »

- Je vous envoie au diable dont, à la fin du mois, vous avez si souvent tiré la queue.

- Quand le diable commence à le tirer par les pieds, l’agnostique ou l’athée fait moins le Malin.

- Les vieux s’inquiètent de l’avenir alors qu’ils n’en ont plus aucun. Les jeunes se refusent à tout projet.

* Les mots de la fin :
- S’éveillant d’un long coma, Sacha Guitry a dit à son médecin : « Docteur, j’ai failli vous perdre ! »
- Montaigne tint à préciser : « Ce n’est pas la mort que je redoute mais de mourir. »
- Le très pieux Georges Bernanos : « A nous deux ! »
- Victor Hugo, lui, fit preuve d’une belle lucidité lorsqu’il murmura : « Allons ! Il est temps que je désemplisse le monde ! »
- Eugène Labiche répondit à son fils qui lui suggérait « Papa, puisque tu vas revoir Madeleine (son épouse décédée) dis-lui bien que je l’aime toujours » : -« Tu ne pourrais pas faire ta commission toi-même ! »
- Jules Renard présenta quasiment ses excuses à sa femme : « Marinette, pour la première fois, je vais te faire une grosse peine. »
- Oscar Wilde : « Je meurs au-dessus de mes moyens ! »
- Woody Allen : « Je n’ai pas peur de la mort mais quand elle se présentera, j’aimerais autant être absent ! »
- A l’enterrement de Pierre Lazareff, le magnat de la presse. L’inhumation venait de se terminer et, alors que des amis tentaient de l’entraîner hors du cimetière, j’entendis sa veuve demander : « Mais pourquoi n’attend-on pas Pierre ? »
- Les enfants de Paul Valéry avaient transporté l’illustre poète dans sa bibliothèque. Celui-ci contempla longuement les belles reliures que, sa vie durant, il avait collectionnées. Puis laissa tomber : « Tout ça ne vaut pas une paire de belles fesses ! »