Les bonbons chinois
de Mian Mian

critiqué par CCRIDER, le 21 mai 2004
(OTHIS - 76 ans)


La note:  étoiles
No Future pour les punks chinois
Mian Mian écrit depuis l'âge de 17 ans . Elle a publié un recueil de nouvelles qui a rencontré un grand succès auprès du public , mais a été immédiatement frappé par la censure de son pays . Ce livre est son premier roman avec tout ce que cela représente de scories et de faiblesses .
En fait , l'héroïne , Xiao Hong que l'on suit dès ses 15 ans , moment où se suicide sa meilleure amie , donne l'impression , malgré ses dénégations de ressembler furieusement à l'auteur . C'est une fille un peu paumée qui quitte le lycée et sa famille d'intellectuels aisés pour une ville perdue du Sud de la Chine où elle rencontre Saining un jeune guitariste punk qui vit grâce à l'argent que sa riche maman lui envoie bien régulièrement ."Sex , drugs and rock and roll " . On a l'impression d'avoir déjà vu ou lu ça quelque part . L'univers de Xiao est glauque , morne et désespéré à souhait . Elle va de tentative de suicide en cure de désintoxication . Sniffe de l'héroïne si mauvaise qu'elle ne peut pas se l'injecter ( ce qui l'a sans doute sauvée ) et finalement opte pour l'alcool à haute dose .
L'histoire n'est pas évidente à suivre car l'auteur use et abuse des pronoms personnels et il faut chercher au détour d'une phrase , d'un complément , d'un accord de participe pour deviner qui parle ou de qui l'on parle dans toute la galerie de junkies , paumés ou prostituées de Shangaï ou de Pékin .
Pourtant Xiao semble aimer cette vie : " On se demandait si on n'avait pas le sida , on fumait du hasch du Xinjiang , on gobait des pilules à 3 yuans le flacon quand on était high , on se passait de la punk en disant que c'était de la rave , aucune importance , ça faisait tellement longtemps , on en avait marre d'attendre ."
C'est le "London calling" à Pékin avec 20 ans de décalage . Une description assez poussive d'une génération perdue .
"L'univers que j'ai décrit est le mien , tout ce que j'ai et tout ce que je suis ." Et elle termine en faisant cette remarque : " Mon écriture est une sorte d'effondrement ."
Inutile d'en rajouter . On peut attendre qu'elle s'améliore ou reprendre " Moi , Christiane F. , droguée , prostituée " ou à la rigueur "l'herbe bleue " .
Pas trop d'accord 8 étoiles

En effet ce roman est un peu un "no futur aux cinq épices" en retard de vingt ans sur notre vision occidentale. Mais culturellement, la Chine n'est-elle pas en train de refaire en un coup un énorme retard. Enfin je m’égare, je ne sais plus si je parle culture ou globalisation...
Bref, l'écriture de Mian Mian n'est pas difficile d'accès, je me suis rapidement attaché au personnage de Xiao, et même si tout ça a certainement déjà été écrit, le tout est bougrement intéressant. On ne passe pas d'une scène de shoot à une scène de beuverie indéfiniment, il me semble que les personnages sont tout à fait bien cernés (sans jeu de mot).
En gros j'ai aimé ce bouquin et je le conseille. Un peu de littérature moderne chinoise et féminine ne peut pas faire de mal...
@+

Vivien - - 42 ans - 22 août 2007


La jeunesse chinoise dans tous ses états 4 étoiles

Mian Mian est une romancière sulfureuse et impudique, censurée par le pouvoir chinois pour cause de décadence.
Dégoûtée du pouvoir politique, frénétique de rock et d'alcool, de drogue et de drague, de sexe sans états d'âme et de consommation rapide à l'occidentale. Excellente affaire pour les imprimeurs clandestins. Et pour les "polémiqueurs" de métiers qui hurlent au droit à la consommation sexuelle sans limite et sans tabou.
Dans ce roman, Mian Mian évoque le quotidien de jeunes errant dans les métropoles en quête de sensations fortes. Suicides, substances illicites, amours interdits, petits trafics, boîtes glauques, rencontres de défonce, meurtres, sida...
Le jeunesse chinoise dans tous ses états.
Ce n'est pas un livre drôle, l'histoire est dure, opposant les relations humaines et mettant le désespoir au grand jour.

Sahkti - Genève - 50 ans - 15 juin 2004


Même avis 5 étoiles

Je suis d'accord avec la critique de CCRider.
Traitant à peu près du même thème, j'ai nettement préféré Shangai Baby, de Weihui, publié en France au même moment.

Manu55 - João Pessoa - 51 ans - 21 mai 2004