Intelligence dans la nature : En quête du savoir
de Jeremy Narby

critiqué par Colen8, le 20 janvier 2018
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Parole d’anthropologue
Parler de cervelle d’oiseau, traiter de légume l’état d’une personne privée de réaction consciente sont une insulte à l’intelligence de la nature qui nous a construits, nous les Homo sapiens. Parmi les vertébrés, outre les primates et les mammifères en général, les familles de corneilles, de perroquets, de colibris par exemple révèlent d’étonnantes facultés d’apprentissage, de mémorisation ou même de tromperie. Les astuces du poulpe parmi les invertébrés, la reconnaissance des couleurs chez certaines espèces de papillons, les capacités d’abstraction et les calculs complexes des insectes sociaux, l’habileté de l’amibe géante myxomycète à trouver sa nourriture dans un labyrinthe, la capacité du minuscule ver nématode à réagir aux goûts, aux odeurs, aux températures et au toucher sont autant d’aptitudes apparues très tôt dans l’évolution. D’ailleurs Charles Darwin l’avait compris avant même d’embarquer sur le Beagle.
Les plantes ne sont pas en reste non plus. En plus de leurs molécules qui alimentent la pharmacopée, on commence à détecter leurs échanges de signaux le plus souvent chimiques par lesquels s’organise leur défense contre les prédateurs, leur acclimatation à toutes sortes d’environnements, leurs déplacements éventuels.
Antonio Damasio dans « L’ordre étrange des choses » s’est efforcé de trouver les traces d’une intelligence en tant qu’aptitude à la survie, manifestes dès la première cellule vivante. Le mérite de Jeremy Hardy est d’avoir dépassé son activité première d’anthropologue après avoir reçu les enseignements des chamanes dans les tribus amazoniennes du Pérou. Ainsi lui est venu au début des années 2000 le besoin d’enquêter auprès de quelques chercheurs présélectionnés. Il voulait se faire expliquer de vive voix la part relevant d’une forme ou l’autre d’intelligence en dehors des humains. De précédents écrits lui avaient valu les sarcasmes d’une bonne partie de la communauté scientifique occidentale encore trop imprégnée du rationalisme cartésien.