Résilience
de Yannick Monget

critiqué par Ludmilla, le 15 janvier 2018
(Chaville - 69 ans)


La note:  étoiles
Et si?
C’est peu de dire que ce livre est angoissant… Et malheureusement, c’est vraiment justifié.
Yannick Monget, proche de Jean-Marie Pelt, a choisi la forme du thriller pour nous faire prendre conscience des dangers bien réels du nucléaire. Très bon thriller très bien mené - dont j’aurais préféré qu’il soit totalement irréaliste.

Dans un futur très proche, un virus informatique prend le contrôle de la plupart des centrales nucléaires et autres usines de retraitement, tandis qu’une pandémie fait rage (le virus noir, mortel à 100%)
Un milliardaire, dirigeant de Tsanmoon, compagnie préparant des voyages spatiaux, va permettre la survie de quelques milliers de personnes grâce à des bases initialement conçues pour vivre sur Mars – ou ailleurs…

Le roman alterne entre
- les 100 derniers jours avant l’effondrement où l’on suit principalement Frédéric, agent secret français et responsable de la sécurité chez Tsanmoon,
- et 2 ans après l’effondrement où c’est Tom qui sera le fil conducteur.

Beaucoup d’informations fournies au fil du roman, sans moralisation ou termes trop techniques.
Informations vérifiées par, entre autres, un physicien nucléaire. A la fin du livre, plusieurs annexes fournissent des informations plus détaillées, dont la liste « officielle » des accidents nucléaires dans le monde, la localisation des sites nucléaires en France,…

Saviez-vous que :
- la France est le pays le plus nucléarisé du monde par rapport au nombre d’habitants
- en 1980, l’usine de retraitement de La Hague a dû faire venir en catastrophe deux générateurs de secours venus de Caen et Cherbourg pour assurer le refroidissement des cuves.. Cet accident n’a été révélé qu’en 2011.
- en 1984, la centrale du Bugey a frôlé la perte totale de ses alimentations électriques

A lire pour ouvrir les yeux et prendre conscience du dessous des cartes.



« les énarques qui nous dirigent n’ont jamais songé un instant que nos ingénieurs et techniciens nucléaires pouvaient, eux aussi, lors d’une pandémie, tomber malades. Ce n’est pas ridicule, ça ? »

« Lorsque les bâtiments exploseront, chacune des piscines de la Hague, chacune, rejettera l’équivalent de soixante-dix Tchernobyl »

« Ce que vous ne comprenez apparemment pas, monsieur le ministre, c’est que si cela venait à se produire dans toutes nos centrales, vous pourriez fuir où vous le voudriez sur cette planète : vous ne trouveriez aucun refuge. »

« Alors que l’opinion et les médias se focalisaient depuis des années sur les menaces dites « physiques » (comme les tremblements de terre, les tsunamis ou la chute d’avions kamikazes) qui planaient sur certaines installations sensibles, lui craignait surtout les risques infiniment plus dangereux, et paradoxalement bien moins connus des populations civiles, que constituaient les attaques informatiques. »

« la tâche de sécurisation des infrastructures sensibles du pays était totalement impossible, et ce, pour une raison dramatiquement simple : pour protéger les systèmes informatiques des installations, la DCRI ainsi que les différents autres services compétents de la nation devaient trouver et "colmater" en quelque sorte toutes les failles possibles et imaginables des systèmes et programmes à protéger ; pour des cyber-terroristes, il suffisait à l’inverse de n’en trouver qu’une seule, aussi petite soit-elle, pour effectuer un acte de sabotage majeur.»

« Dans le but évident de préserver le mythe de l’énergie bon marché, les politiques s’étaient bien gardés de communiquer sur le coût financier pharaonique que cela impliquait, mais aussi sur le temps titanesque que cela nécessitait : en réalité, pas moins de trente années étaient nécessaires entre l’arrêt des réacteurs et la remise en état du site. »