Heures d'Ombrie
de Gabriel Faure

critiqué par Alceste, le 11 janvier 2018
(Liège - 63 ans)


La note:  étoiles
Un esthète au pays de la beauté
Délicieux opuscule où, tout pétri de références historiques, artistiques et littéraires, Gabriel Faure nous livre ses impressions de voyage après un séjour en Ombrie, la « Galilée de l’Italie « , cette terre « où tant de civilisations se succédèrent, où tant de siècles d’histoires laissèrent leurs traces, où la religion et l’art trouvèrent leurs plus pures expressions ».

Comment ne pas être envieux lorsque l’auteur nous dit assister, et on le croit bien volontiers, à des scènes campagnardes inchangées depuis le Trecento, ou qu’il déclare avoir été le seul touriste à arpenter la précieuse ville de Montefalco pendant deux jours ? Privilège d’un temps parfaitement révolu.

Est-il apparenté au célèbre Elie Faure, historien de l’art ? Toujours est-il qu’il montre beaucoup de pertinence dans ses jugements esthétiques. Par exemple, il distingue bien le souci de réalisme des fresques des peintres primitifs, affadi par les conventions auxquelles sacrifia le Pérugin. Par ailleurs, il explique bien comment la peinture italienne trouva inspiration et renouvellement annonciateur de la Renaissance dans l’existence si humaine de Saint François d’Assise. Ainsi déplore-t-il la lourde basilique baroque qui dénature la simplicité franciscaine de la Portioncule, dans la plaine d’Assise. « Doux Poverello, qui voulus un jour renverser les murs couverts de tuiles que tes compagnons avaient, en ton absence, substitués aux cabanes de chaume, que dirais-tu si tu entrais dans la froide et somptueuse demeure que les gens de ce siècle t’élevèrent ? Vainement tu chercherais le toit de la cellule sur lequel, le soir où tu mourus, les alouettes vinrent, au coucher du soleil, se poser et crier joyeusement, des alouettes qui pourtant ne chantent qu’au clair soleil du matin, "alaudae avis lucis amicae"… »

Les beautés du style s'accordent assurément à celles des trésors ombriens.