La Trilogie centrée autour du Procureur Teo Szacki (Les impliqués, qui se déroule à Varsovie, Un fond de vérité, qui se déroule à Sandomierz) se termine avec La rage qui se déroule cette fois à Olsztyn, en Varmie – Mazurie, nord-est de Varsovie. (Je me demande pourquoi Zygmunt Miloszewski fait ainsi voyager Teodore Szacki car, en fait, le lecteur n’a pas l’explication du pourquoi il est passé de Procureur à Sandomierz à Olsztyn ?)
Trilogie donc et là, vue la fin de La rage, peu de chances qu’il y ait une suite … Encore que, on a déjà vu tellement de rebondissements improbables dans le monde du romanesque !
Violences conjugales (particulièrement d’actualité par les temps qui courent par chez nous), cadavre subtilement reconstitué à partir de morceaux de personnes différentes et enlèvement de sa fille Helena venue finalement vivre avec lui sont des éléments particulièrement d’enquêtes pour un Procureur qui se plaint à longueur de pages au début du roman qu’il ne se passe rien à Olsztyn. C’est l’enlèvement d’Helena qui justifie cette « rage » dont est fait le titre de l’ouvrage. Une vraie rage, pour sûr.
Il y a du grain à moudre donc. Et puis tant d’éléments sur la Pologne d’aujourd’hui : sa réalité sociale, politique. C’est exactement ce que je recherche en faisant l’effort d’aller lire des polars du monde entier.
A cet égard Zygmunt Miloszewski confirme le jugement sévère qu’il a sur son pays et ses compatriotes. Quant à Olsztyn, ce roman ne constitue pas particulièrement pour la ville (ex Allenstein dans l’ancienne Prusse) une brochure touristique !
»Les Prussiens savaient ce qu’ils faisaient. Teo était né à Varsovie et, au départ, la déférence des habitants d’Olsztyn à l’égard des bâtisseurs de leur petite patrie l’irritait. Les Allemands ne lui avaient rien construit, à lui. Ils avaient au contraire transformé la capitale en un champ de ruines, grâce à quoi sa ville était devenue une pitoyable caricature de métropole. Il ne les avait jamais aimés, mais il fallait leur accorder ceci : tout ce qui était beau à Olsztyn, tout ce qui faisait son charme, tout ce qui rendait la ville attrayante, lui donnant cette beauté particulière d’une femme du Nord rude et hardie – tout cela avait été construit par les Allemands. Le reste était au mieux insipide, mais le plus souvent moche. Dans certains cas, elle était si laide que la capitale de la Varmie devenait régulièrement la risée du pays en raison des excentricités architecturales dont on l’agrémentait avec une persévérance digne de la plus juste des causes. »
Au-delà de l’intrigue, particulièrement fournie, La rage, et la Trilogie dans son ensemble, mérite la lecture, ne serait-ce que pour tenter d’appréhender la réalité actuelle de la Pologne …
Tistou - - 68 ans - 23 décembre 2022 |