Tokyo-Montana express
de Richard Brautigan

critiqué par Yali, le 18 mai 2004
( - 60 ans)


La note:  étoiles
Un auteur passe, à grande vitesse, et reste!
Des mots, j’en avais écrit plein, pour vous faire partager l’amour que j’ai des quelques 150 récits que compte ce livre. 3 tonnes et demie de mots que j’avais écrit, non, pas moins, et 3 tonnes et demie : Bon Dieu, c’est pas rien.
Puis, me relisant, force est de constater que si : 3 tonnes et demie, ben c’est que dalle face à une œuvre si savoureuse. Alors je me suis dit comme ça : file leur un bout, un cent cinquantième par exemple. Et surtout, surtout, précise que ce un cent cinquantième n’est en aucun cas représentatif du recueil tant l’humeur de Brautigan est changeante, tant les sujets qu’il aborde sont divers. Tant il sait nous balader de Tokyo au Montana, du couloir des condamnés à mort de ce même Montana aux Orange d’Osaka. De Groucho Marx aux framboises du loup-garou. De « La gueule de bois considérée comme un objet de l’artisanat populaire » à ce chat qui aime le melon…
Alors je vous le file ce un cent cinquantième et vous précise que non, décidément, ce n’est pas représentatif :

Parapluies

Si je n’ai jamais compris les parapluies, c’est parce que je me moque complètement de me faire mouiller. Si depuis toujours les parapluies me sont un mystère, c’est parce que jamais je n’arrive à comprendre pourquoi ils font leur apparition juste avant qu’il ne commence à pleuvoir. Pourquoi le reste du temps ils sont aussi absent du paysage que s’ils n’avaient jamais existé. Peut-être est ce que les parapluies, ça vit tout seul dans les appartements du bas Tokyo.
Les parapluies sauraient-il donc qu’il va se mettre à pleuvoir ? Parce que les gens moi, je sais que ça ne sait pas. Monsieur Météo déclare que demain il va pleuvoir. Sauf que demain il ne pleut pas et que vous, les parapluies, vous n’en voyez pas la queue d’un. Sur quoi Monsieur Météo prophétise que demain il va faire soleil. Sauf que tout d’un coup il y a des parapluies dans tous les coins et qu’une minute après, ça ce met à tomber comme vache qui pisse.
Non mais, qui c’est, ces parapluies ?


Lire le reste, c’est se régaler, ni plus ni moins !
Balade dans la tête de Richard. 8 étoiles

J’aime Brautigan, c’est un parti pris et donc tout ce que j’en dirai est a priori subjectif.

Cependant « Tokyo – Montana » est un ouvrage composé de textes courts et hétéroclites, il y a des anecdotes, des récits et des nouvelles. Il y a des bons textes, d’autres que je n’aime pas et de mauvais.
Néanmoins, il s’agit d’une d’une porte royale lorsqu’il s’agit de rentrer dans la tête de Richard. Et c'est le même bordel que dans la mienne.

"Le train de Yamanote est arrivé. Lui aussi est vert, mais pas luxuriant, presque aussi quasiment tropical que la colline qui long la gare. Ce train est, dirons-nous, métalliquement fatigué. Aussi délavé que les rêves d'un vieillard qui se parle printemps d'autrefois où peut-être même il était jeune, mais où aujourd'hui tout ce que jadis il avait devant lui lui est passé derrière."

Bonne lecture!

Yeaker - Blace (69) - 51 ans - 12 août 2018


Découverte de cet auteur 8 étoiles

C'est le premier livre de Brautigan que je lis, et le moins que je puisse dire, c'est que j'ai été surprise. Je pense qu'il aurait mieux valu commencer par un autre livre, par exemple "Mémoires sauvés du vent", pour mieux cerner l'auteur. J'ai trouvé certaines "histoires" très drôles, d'autres assez peu intéressantes, mais globalement, j'ai passé d'agréables moments à cette lecture, et ce livre m'a donné envie de mieux connaître l'auteur et de lire ses autres oeuvres.

PA57 - - 41 ans - 28 janvier 2012


Entre nouvelles et poésie 8 étoiles

De petits textes allant du paragraphe à quelques pages qui touchent au quotidien, à l’éphémère, à l’anecdotique. Une écriture stylisée très particulière qu’une traduction de Robert Pépin transcrit admirablement. Ce ne sont pas là des nouvelles mais bien des petits poèmes en prose.

Vda - - 49 ans - 4 septembre 2007


Arrivée à la gare. 6 étoiles

Des nouvelles. Beaucoup de nouvelles, de pas longues à très très courtes. C'est dommage, on se disperse un peu et le qualificatif qui vient en tête, c'est : inégal. De sublimes et d'autres qui laissent plus froid, voire carrément froid. Pas grand chose à voir avec le Brautigan de "Mémoires sauvés du vent". Ici il lui manque la distance pour que son style se développe pleinement. On y retrouve bien les idées quelquefois un peu folles de Brautigan mais ça tourne parfois un peu à vide.
"La brosse à dents : histoire de fantômes" et "Bon boulot; mesdames les poules et messieurs les poulets!" sont parmi mes préférées. La première pour la délicatesse, la petite fêlure de rien du tout, qui annonce une rupture brutale à une amante, et la seconde pour son côté "rabelaisien", excessif et jouissif.
Quand même, je suis content d'avoir attaqué Brautigan avec "Mémoires sauvés du vent"!

Tistou - - 68 ans - 2 décembre 2004


inégal 6 étoiles

Y'a pas à dire, j'adore Brautigan. J'adore ses mondes impossibles qu'il réussit à nous faire croire réels. J'adore sa naïveté, son langage d'enfant, sa poésie psychédélique, j'adore sa façon de colorer un texte, sa façon de parler des femmes, sa façon de trouver un tout dans rien, sa façon de rendre un pissenlit plus important que le président des États-Unis.
Mais "Tokyo-Montana express" , autant qu'il ait pu me faire rire et me donner des frissons, m'a aussi fait bailler et m'a fait dire "voyons Richard, à quoi t'as pensé, merde". Dans tout le flot d'histoires, on perd celles qui sont vraiment intéressantes à cause de certaines autres peu dignes d'intérêt. Ce qui aurait pu être un recueil fort et concis est en fait un ramassis où l'on trouve de très bons moments en fouillant un peu.

Grass - montréal - 47 ans - 29 août 2004


Enfin ! 9 étoiles

La voilà enfin cette critique de Brautigan tant annoncée ! Je crois que Yali a pris le bon parti: quand un livre contient 150 histoires différentes que résumer ?

Un extrait me semble donc la bonne solution et il m'a plu, c'est le cas de le dire !... Je comptais acheter ce livre et je le ferai donc.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 19 mai 2004