Les Aristocrates
de Michel de Saint Pierre

critiqué par Vince92, le 1 mars 2022
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Noblesse oblige
Entre tradition et modernité, l’aristocratie en France après la Seconde guerre mondiale doit s’adapter aux défis de son temps… comment conjuguer une histoire faite d’engagements, de sacrifices et de noblesse avec les exigences matérialistes que réclame la France des années cinquante ? C’est le sujet de ce roman écrit en 1954 par Michel de Saint Pierre, écrivain conservateur qui, on le devine à la lecture de ce roman lauréat du Grand prix de l’Académie française, observe l’objet de son « étude » avec beaucoup de sympathie.
En Bourgogne, la famille de Maubrun est réunie dans sa demeure le temps des vacances : au programme, chasse, visites au voisinage, réfection du château qui accuse le poids des siècle. La nombreuse descendance du marquis l’entoure mais cette année, les retrouvailles ne vont pas se dérouler si plaisamment qu’à l’accoutumée : Daisy, la fille de Maubrun, famille de vieille noblesse s’est éprise de Conti, un voisin parvenu dont le père a acheté son titre de noblesse : un mariage est inenvisageable pour le marquis qui s’en tient à ses principes et ne saurait approuver une telle mésalliance. Par ailleurs, le Turc, l’un des fils, versé dans les affaires et qui manie l’argent avec brio, entend forcer son père à engager quelque manœuvre financière afin de renflouer le domaine…
Ces deux aspects, le mariage et l’argent, sont tabous au sein de l’aristocratie française : l’auteur dessine de façon assez juste il me semble les débats qui ont pu agiter (et agitent encore en partie) cette petite frange de la société française. Structurée autour de règles intangibles, cette aristocratie a subi comme le reste les aléas du progressisme mais a su y résister grâce à ses valeurs bâties autour d’une tradition de l’honneur et de l’attachement à la religion. Elle n’est cependant pas exempte de critiques sous la plume de Michel de Saint Pierre car le marquis, la figure du patriarche attaché plus que tout au respect de son rang, est décidé à convoler avec Jeanne, l’amie roturière de Daisy qui passe ses vacances au château. Les enfants, courroucés par cette attitude et cette décision en opposition avec les principes si souvent répétés de leur père conduisent Jeanne à s’éloigner de Maubrun.