28 jours
de David Safier

critiqué par Ellane92, le 22 novembre 2017
(Boulogne-Billancourt - 49 ans)


La note:  étoiles
28 jours, toute une éternité
28 jours, c'est le temps pendant lequel une poignée de juifs affamés, isolés et désarmés, ont résisté face à l'armée et aux tanks nazis dans le ghetto de Varsovie en 1942. Pour nous raconter cet exploit au goût bien amer, David Safier s'attache aux pas de Mira, jeune juive aux yeux verts qui pratique le marché noir pour nourrir sa famille. Dans un premier temps, nous découvrons les conditions de vie catastrophiques dans le ghetto : le manque de soins, d'hygiène, d'espace, de nourriture... sont le lot quotidien de ses habitants, que l'on y soit enfant ou vieillard, instruit ou pas. Mais ce n'est rien par rapport à la peur qui s'installe et se répand dès lors que des déportations sont organisées régulièrement pour, selon les Allemands, fournir des bras pour cultiver les champs produisant la nourriture des militaires (et même les plus naïfs des habitants du ghetto n'y croient pas plus que nous!). De cachettes en en faux sauf-conduits, s'instaure le règne du "chacun pour soi", jusqu'à ce que l'irréparable advienne pour Mira et qu'elle rejoigne le camp des rebelles.

J'avoue avoir eu du mal à rentrer dans ce livre de David Safier, auteur que j'ai découvert à cette occasion. Le début du livre m'a beaucoup fait penser à celui de "Hunger Games", dans le sens où l'héroïne débrouillarde prend en charge dans un contexte de faim, de peur, d'horreur, sa famille, le père étant mort et la mère démissionnaire. J'ai largement préféré la seconde moitié du livre qui évoque la résistance désespérée des habitants du ghetto pour pas ne mourir sans avoir combattu. Le rythme de cette seconde partie est plus enlevé, la lutte sans espoir de victoire donne du brillant à chacune des actions des participants, à chaque moment de partage ou de répit.
Il y a beaucoup de qualités à ce livre. L'auteur évoque un sujet grave d'une façon pas dénuée d'humour. Un certain nombre de questions sont évoquées, que l'on parle de la constitution de l'identité du peuple juif, des "héros" qui se promènent l'arme à la main et font des cauchemars la nuit, sur les idéaux d'antimilitarisme confrontés à la réalité. Les personnages sont relativement attachants même si manichéens, et les faits évoqués crédibles. J'ai beaucoup apprécié les parties relatives au fonctionnement de la vie dans le ghetto, le marché noir, le troc, le partage d'habitation, la débrouille, les milices, etc... Même s'il est sans doute très réussi, j'ai personnellement peu accroché au côté "roman d'initiation", auquel je reprocherai ce qui me gêne dans la littérature "young adult" : les amours triangulaires, la culpabilité d'être ce que l'on est, etc...
En tout cas, 28 jours est une belle découverte, prenante et intéressante, qui dénonce des choses dont on souhaite qu'elles n'aient jamais existé, ou à défaut, qu'elles ne reviennent jamais.