Le gène du doute
de Níkos E. Panagiotópoulos

critiqué par Sahkti, le 14 mai 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Naître artiste
Nous sommes en 2064, Albert Zimmerman est généticien. Lors d’un congrès à Ottawa, il fait une annonce fulgurante : il a découvert le gène de l’artiste. Le monde scientifique est en ébullition, mais pas que lui ! Imaginez en effet l’impact d’une telle nouvelle dans les milieux de l’art et de la culture.
Désormais, grâce aux travaux de Zimmerman, il sera possible de dire à quelqu’un si il deviendra musicien, peintre, écrivain… ou rien de tout cela.
Du coup, un système totalitaire se met en place, chaque artiste se voit obligé de passer le fameux test qui donnera l’issue finale : a-t-il des prédispositions génétiques et peut-il être artiste ? On imagine aisément les dérives du système. Ces techniques font des ravages, les écrivains labellisés artistes sont fonctionnarisés ("certifiés conformes") tandis que ceux qui n’ont pas obtenu le précieux certificat sont envoyés au rebut. Augmentation du chômage tant du côté des écrivains que des éditeurs, c’est un bouleversement considérable qui agite la société.
Très rapidement, une espèce de résistance s’organise, mise en place par un grand écrivain, James Wright, qui fonde le mouvement des "Artistes Anonymes", communauté d’artistes refusant de se soumettre au test Zimmerman.
Au fil des pages, ce sont ses aventures qui nous sont contées, il nous livre son histoire tout en laissant à Nicos Panayotopoulos le plaisir de disserter sur la dictature culturelle et les diktats artistiques. Intéressant à plus d’un titre et pas uniquement dans le milieu de l’édition, même si c’est celui-ci qui est mis en évidence dans ce roman. Panayotopoulos nous parle du fascisme à sa façon, à travers ce récit science-fictionnel qui ressemble beaucoup au 1984 d’Orwell par le côté absurde des situations présentées. Le terrorisme intellectuel est de rigueur, on pratique l’eugénisme mental afin de garantir la pureté de l’art. Sidérant comme partout et de tous temps les motifs les plus nobles servent d’alibi aux actes les plus vils.
Un roman ironique et acide, plein d’humour noir et de justes réflexions sur la course à la reconnaissance. L’art est une question de talent, certes, mais aussi de travail, tout n’est pas affaire de génétique.
Une réflexion intéressante sur le monde de l'art et de la culture 9 étoiles

Nous sommes en 2064, le gène de l'artiste vient d'être découvert par le docteur Zimmerman. Fini donc la subjectivité de l'art, le temps ne fait plus rien à l'affaire, désormais un simple test suffit à savoir si l'on peut se revendiquer artiste. Une résistance se met peu à peu en place, à laquelle va participer le portagoniste de l'histoire, James Wright, écrivain à succès mit au rebut parce qu'il refuse de se soumettre au test Zimmerman.
Ce livre est très intéressant et d'une lecture agréable. La réflexion sur le totalitarisme à travers le prisme de la culture est originale, et la fin ouverte permet au lecteur de s'interroger sur les diktats imposés par la société actuelle comme future.
Alors pourquoi le gène du doute? et bien peut être parce que "le doute [...] c'est le matériau mais aussi la force de l'artiste. Si vous évacuez le doute, vous n'avez plus à faire à de l'art, mais à de la propagande".
A lire pour initier une réflexion...

Isaline - Tours - 44 ans - 23 juin 2005


De la subjectivité.... 6 étoiles

Un thème extraordinaire, un traitement qui l'est moins :
En 2063, James Wright est mourant dans la clinique du docteur Clause. Il rédige, aux bons soins du Docteur, le récit de sa vie, intitulé portrait de l'artiste moribond.
Dans ce futur là, un test indiquant clairement par une simple prise de sang si vous avez un talent artistique ou pas a été mis au point. Cela a évidemment complètement changé l'abord de l'Art. Certains, dont James, ont refusé contre vents et marées de passer le test. Ils ont alors eu divers destins, expliqués tout au long de l'ouvrage.
Mais le docteur Clause ajoutera son grain de sel à la perception de tout cela, réhabilitant - enfin - le doute et la subjectivité de l'appréciation de l'art....

Je suis très déçue en fait parce que j'attendais énormément d'un tel sujet. Or, la réflexion n'est pas très poussée, et l'ensemble se lit sans vrai plaisir. Pas mal, donc, mais pas un chef-d'oeuvre !

Nicos Panayotopoulos est né en 1963, ingénieur de formation, il vit et travaille à Athènes en tant que cinéaste et romancier. Le gène du doute est son second roman.

Cuné - - 57 ans - 8 décembre 2004