Le nageur
de Zsuzsa Bánk

critiqué par Florence, le 13 mai 2004
(Grenoble - 49 ans)


La note:  étoiles
Un premier roman abouti
Ce magnifique roman est une ode à l'enfance, à la nature et aux plaisirs simple.

Hongrie, 1956 : sans un mot d’explication, Katalin quitte sa famille et se réfugie à l’Ouest. Son mari, Kálmán, vend sa maison et s’en va avec ses deux enfants, Kata – la narratrice – et Isti, un enfant mystérieux, rêveur, capable d’entendre parler la neige et les pierres et amoureux fou de l’eau. Ils vont voyager à travers la Hongrie, allant chez des amis, de la famille, pour des durées indéterminées. Le temps s’estompe, les saisons passent et se ressemblent au point de donner une intemporalité qui rappelle celle de l’enfance car la notion du temps est une invention des adultes semble nous dire l’auteur. L’histoire est pleine de fraîcheur et l’auteur s’arrête sur les petits plaisirs de l’enfance alors qu’elle aurait pu choisir une optique plus mélancolique. Car, après tout, ces deux gamins ont été abandonnés par leur mère et leur père ne s’occupe pas beaucoup d’eux, du moins en apparence. Mais les deux enfants s’adaptent à cette vie faite d’incertitudes et des liens d’affection forts se tisseront entre eux et les divers adultes chez qui ils logeront. J’ai particulièrement aimé le rapport à la nature développé par l’auteur, cette vie un peu sauvage. Ouvrir ce livre, c’est plonger dans le monde de Zsuzsa Bank, c’est entrer dans une bulle : j’ai couru et plongé dans le lac avec les enfants, j’ai eu chaud en été et froid en hiver. Le reste du monde n’existe plus. Pourtant, au-delà de cette description de l’enfance idéale, le drame couve et les jours insouciants ont une fin. Les enfants, au-delà des apparences, portent en eux une certaine inquiétude qui ne dit pas son nom.