Bleu pétrole
de Gwénola Morizur (Scénario), Fanny Montgermont (Dessin)

critiqué par Shelton, le 26 octobre 2017
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Je ne suis pas objectif, mais c'est à lire !!!
Le 16 mars 1978, le pétrolier Amoco Cadiz s’échoue sur les rochers de Portsall. Je crois comme de nombreuses personnes que tous ceux qui aiment passionnément la Bretagne, le Finistère en particulier, la partie nord de ce département pour être précis, se souviennent de ce qu’ils faisaient à ce moment-là… Je ne suis pas capable de dire si ce fut là la plus grande tragédie écologique de l’histoire de l’humanité, le plus gros accident pétrolier ou le plus grand crime contre la nature, ce que je sais et ce dont je suis certain c’est que c’est certainement la pollution qui m’a fait le plus souffrir car, à quelques tous petits kilomètres de Portsall lieu du naufrage, il y a la plage de Penfoul… Or, c’est là, entre Portsall et Argenton, sur cette plage, que j’ai passé beaucoup de mes vacances d’enfance… C’est dans cette magnifique anse que je suis allé avec mes grands-parents, ce havre de paix a peuplé ma mémoire d’une multitude de souvenirs de pêche, de jeux, de baignades, d’escalade et c’est dans ce cadre que j’ai les meilleures images de toute cette famille nombreuse, tous les oncles et tantes, mes cousins et cousines… Alors, oui, je me souviens bien de cette période et du premier retour sur la plage de Penfoul et du vide absolu… plus d’anguille, de plie, de sole… des rochers portants encore des traces de ce maudit pétrole… d’une tristesse incroyable, comme si le bon temps était passé définitivement…

Alors, bien sûr, cette bande dessinée ne pouvait que finir chez moi d’autant plus qu’elle est éditée par un éditeur de Saône-et-Loire, le département d’adoption où je vis depuis plus de vingt ans… Le scénario est écrit – et très bien – par une jeune femme qui n’a pas connu le jour de la catastrophe car elle n’était pas encore née. Mais sa famille, elle, sait tout de ce jour car son grand père – Léon dans la bande dessinée – était le jeune maire de Ploudalmézeau… Si vous vous perdez, prenez le temps de regarder sur une carte la proximité de Portsall, Ploudalmézeau et Penfoul…

Ce qu’a réussi à faire cette jeune scénariste, Gwénola Morizur, c’est d’écrire une fiction complètement imbibée de la réalité et des souvenirs. Sans se caler seulement sur l’Amoco, sans faire un laborieux et pénible compte-rendu du très long procès, elle a su tout évoquer en l’insérant dans une très belle histoire familiale fortement marquée par la sienne… C’est ce qui rend la bande dessinée profondément humaine et pleine d’émotions profondes et véritables !

Alors, je dois vous avouer que cette bande dessinée m'a tiré quelques larmes mais que voulez-vous, devant certaines bêtises – et je ne veux pas utiliser d’autres mots – il vaut mieux laisser couler une petite larme…

Quant à ceux qui comme Léon, derrière Léon, se sont battus pour faire payer les assurances et la grande compagnie américaine qui avait affrété ce bâtiment, je ne peux que les saluer avec beaucoup de respect car à Penfoul, la nature a repris ses droits, doucement, petit à petit… Merci à ton grand-père, Gwénola…

Dans quelques jours, au bord de la Manche, malgré les pollutions qui continuent régulièrement à salir les Océans, je serai très heureux de rencontrer Gwénola Morizur et Fanny Montgermont avec mon équipe d’étudiants… Ce sera notre dernier rendez-vous du week-end et pour le coup, on finira en beauté avec une belle émotion…