Mes pensées sont des papillons
de Jacqueline Remy, Eveleen Valadon

critiqué par Colen8, le 25 octobre 2017
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Entre réel et irréel
Angoisse, épuisement, honte, désorientation, flottement, telles sont les expressions de la malade à la journaliste venue l’interroger pour ce témoignage qu’elle a bien voulu voir publier. S’y ajoute un courage hors du commun pour subir ce qui lui apparait d’abord comme une lourde épreuve avant de lui apporter la joie de se sentir encore exister malgré tout. Il y a une infinie délicatesse de la part de Jacqueline Remy dans le recueil et la mise en forme de leurs entretiens entrecoupés de ses propres commentaires. Elle parvient à raviver les souvenirs antérieurs d’Eveleen Valadon âgée maintenant de 79 ans, à rendre attachante sa personnalité forte et riche éprise d’art et de culture. L’annonce du diagnostic ayant eu lieu de façon brutale mais fortuite en 2013, longtemps Eveleen a fait en sorte de donner le change, de n’en parler à personne hormis les enfants et quelques très proches. Ses degrés de liberté se sont donc restreints au détriment de la vie sociale. La joie de vivre a été remplacée par la vulnérabilité, la peur de mal faire, la peur tout court de la sale maladie sans doute pire que le cancer. Ses journées n’ont plus été marquées que par l’enchaînement de plus en plus difficile de rendez-vous médicaux ou thérapeutiques : neurologue, gériatre, cardiologue, ophtalmologue, dentiste, orthophoniste, art-thérapie, pharmacie. Les malades conscients de ce qui leur arrive, ne se sentent pas plus déments que débiles. Ils sont rassurés par les signes sincères d’affection, de patience, de respect, d’autant que cette pathologie incurable à l’heure actuelle ne montre pas de signe visible.