Evacuation
de Raphaël Jérusalmy

critiqué par Ddh, le 21 octobre 2017
(Mouscron - 83 ans)


La note:  étoiles
Un improbable réaliste
Evacuation est le titre du film que tournent Naor et son amie Yaël.
Il faut évacuer Tel Aviv mais Saba, le grand-père s'y oppose. Dans cette situation dangereuse, son petit-fils Naor reste également, tout comme son amie Naël. S'ensuit une fuite vers la maison de son ami Yoni, un quartier moins dangereux. Une balade sous les détonations des missiles, les hurlements de sirènes, la crainte d'une mauvaise rencontre avec une patrouille. Une occasion aussi de filmer l'impossible : Tel Aviv sans âme qui vive.
Raphaël Jérusalmy donne dans l'inattendu. Il s'adresse à sa mère tout au long du roman mais celle-ci lui répond très brièvement sans une présence physique, en italique dans le texte. L'atmosphère angoissante est adoucie par une description poétique de cette ville abandonnée. L'imagination de l'auteur est plus qu'abondante.
telle à vif 4 étoiles

Une ville entière, Tel-Aviv, est évacuée à l'occasion d'une guerre, imaginaire, mais dont le risque est toujours présent dans l'esprit des israéliens. Ici, aux missiles et roquettes s'ajoute la peur d'une guerre bactériologique. On pense bien sûr à la fameuse "arme secrète" de Saddam Hussein, jamais trouvée mais qui a servi de prétexte à l'intervention conjointe (et lourde de conséquences pour l'équilibre du Moyen-Orient) de la coalition américano-britannique en 2003. Dans ce décor réaliste, l'auteur place l'histoire d'un petit groupe qui a décidé de rester, contre vents et marées, dans cette ville presque totalement vidée de ses habitants. Le grand-père, Saba, dont les jours sont comptés, la faculté ne lui donnant plus que quelques semaines à vivre, est accompagné de Naor, son petit-fils, un étudiant en cinéma et de l'amie de celui-ci, Yaël, une artiste plasticienne. Cette expérience de survie citadine va rapprocher deux générations que trop de choses éloignent. Elle va être également pour Naor l'occasion de réaliser un premier film, à l'aide de son smartphone. Le propos est émaillé de nombreuses références littéraires et cinématographiques qui peuvent intéresser les lecteurs connaissant leurs "classiques", mais on ne ressent jamais aucune empathie avec ces trois personnages qui semblent perdus dans les limbes de l'imagination de l'auteur. Beaucoup trop d'artifices de style émaillent par ailleurs le récit, entrecoupé de panneaux de signalisation routière dont on peine à saisir la relation avec celui-ci. Heureusement, le livre est très court, on n'a pas vraiment le temps de se lasser…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 14 juillet 2018