Ceux qui restent
de Marie Laberge

critiqué par Marvic, le 9 octobre 2017
(Normandie - 66 ans)


La note:  étoiles
Survivre
Sylvain s'est suicidé. À 29 ans. Sans signe d'alerte, sans message ou lettre.
Qui était Sylvain, pourquoi ce geste de désespoir ?
Comment ceux qui restent peuvent-ils continuer à vivre avec cette douleur et ces questions ?

À travers les récits de trois de ses proches, on découvre Sylvain, ses relations avec son père, Vincent Côté, homme ravagé de douleur, son épouse Mélanie-Lyne, mère de son petit garçon Stéphane et sa maîtresse Charlène, barmaid, dernière personne à l'avoir vu.
Et puis Muguette, sa mère, femme malade, et Blanche, la formidable grand-mère.

La mort de son fils va obliger Vincent à une longue introspection. Son fils était tout pour lui, il était sa raison de vivre. Dans ses monologues, vont se succéder douleur, désespoir, incompréhension, culpabilité mais aussi colère, sentiment d'abandon.
"Des mois après son geste, j'essaie encore de refiler la culpabilité à quelqu'un d'autre. Nous sommes tous responsables. De n'avoir ni vu, ni entendu…
mais quand j'en arrive là dans ma réflexion, j'aboutis à cette pensée : ce geste est une accusation faite à tous ceux qui ont connu Sylvain. Ce geste proclame que nous n'étions pas assez pour qu'il reste.
Un déni de notre amour.
Une condamnation de nos efforts.
Un bulletin à zéro."

Mélanie-Lyne se concentre sur son fils. Elle refuse de se poser des questions sur son mari qui n'était que le père de son enfant.
Elle n'a que lui et a insisté pour que personne ne lui apprenne comment son père est mort. Mais Stéphane a 20 ans et désire mener une vie indépendante.

Quant à Charlène, son récit est à la deuxième personne, elle continue à s'adresser à Shooter, le surnom qu'elle lui avait donné quand ils se sont rencontrés dans le bar où elle travaille.

Le roman change radicalement quand Stéphane, nom de code Zef, fréquente par hasard, le bar de Charlène.
Ce même bar où vient son propre grand-père régulièrement. S'il a rencontré Charlène au début pour comprendre son fils, ils sont devenus amis au fil des semaines et des mois.
La rencontre fortuite alors que leurs relations étaient auparavant basées sur des secrets, des non-dits donnera naissance à des relations aussi improbables que fortes entre ce trio dont seule Charlène connaît les liens qui les unissent.
Et chacun, avec l'aide des autres, avancera.
" - Je me remets. Je me rebâtis, je me recommence. C'est long. Mais c'est de même. J'ai écrit avec tous ceux qui ont été patients avec moi. Pour les remercier."

Comme à mon habitude, j'entame un livre sans savoir de quoi il parle, ni d'où il vient. Alors, les premières pages ont été très compliquées, avant de savoir que je lisais du québécois ; cela perturbe beaucoup la lecture, en particulier, celle de Charlène.
Difficile et frustrant de ne pas comprendre certains mots ou expressions (pantoute, hostie…).
Malgré tout, je me suis laissée emporter par le récit de ces vies brisées qui continuent, par les personnages de Vincent et Charlène.
Beaucoup de justesse, de sensibilité, d'émotion dans la première partie de ce roman.

Quant à la seconde, les rencontres "fortuites" sur le net comme dans le bar, gâchent un peu la crédibilité des rencontres. Il n'en reste pas moins de belles relations humaines, des interrogations pertinentes sur la vie, grâce en particulier au remarquable personnage de Vincent.
Un roman marquant et admirable mais frustrant à cause de la barrière du vocabulaire (même si j'ai essayé de "mettre l'accent" en lisant ! ), barrière que je rencontre pour la première fois en découvrant le talent de cette écrivaine.
Trop proche du quotidien 1 étoiles

J'aime que les romans m'éloignent de la routine, mais avec ce roman de Marie Laberge, j'ai trop retrouvé les éléments mornes du quotidien parfois: questionnements, maladies, mensonges, non-dits, souffrances des protagonistes. Il est intéressant car il nous fait réfléchir sur les proches qui perdent un être cher d'une façon brutale, par le suicide, mais je n'ai pas du tout accroché. Je pense que la période, la Toussaint, y est peut-être pour quelque chose...

Flo29 - - 52 ans - 3 novembre 2017