Je viens de terminer ce livre en me sentant un peu indigné.
L’opinion qui va suivre n’engage que moi mais je manquerais de sincérité en la formulant différemment. Pour moi, ce bouquin n’est qu’une page – ou plutôt 327 pages – de pub pour les séminaires ‘Amour et séduction’ de l’auteur. En cherchant des infos avant de l’acheter, je n’avais trouvé que des renseignements vagues, des gens qui disaient – dans une tentative d’humour, sans doute – ‘surtout ne le lisez pas’ en sous-entendant le contraire.
Le résumé au dos de la couverture le dit : ‘est-elle victime d’une escroquerie ?’. Il faut savoir que Corinne, l’héroïne du roman, est une femme qui ‘aime trop’ les hommes. Elle offre son corps – et son âme – en échange d’un semblant d’amour et se fait immanquablement ‘jeter’ après avoir donné ce que ses amants attendaient d’elle.
Après sa troisième tentative de suicide, elle va chez ce psy, que sa meilleure amie - et d’autres personnes croisées comme par hasard – lui recommande tout en lui disant de ne pas y aller. Je ne pense pas gâcher le suspense en disant que le psy en question lui fera signer une procuration sur tous ses avoirs, quitter son travail et couper les ponts – fût-ce provisoirement – avec son enfant, ses amis, sa famille. Bref, elle va se retrouver sans rien, à la merci du thérapeute qui va l’embarquer dans ce que l’auteur qualifie lui-même comme une « aventure en technicolor et Cinémascope digne de Cécil B De Mille ». On ne se mouche pas du coude, apparemment !
En ce qui me concerne, il est impossible d'adhérer vraiment à cette histoire. Tout d’abord parce qu’une rédactrice en chef d’un grand magazine féminin – même si elle a tenté de se suicider – doit quand même avoir l’intelligence minimale pour se rendre compte qu’on ne va pas accorder ainsi l’usufruit de tous ses avoirs au premier psychiatre venu. Il faudrait vraiment être très très naïf pour ce faire. Ensuite, au fil de l’histoire, on se rend compte que ce ‘thérapeute’ bafoue sans vergogne le secret professionnel. Et personne n’a jamais porté plainte ? Il continue à exercer ?
Quant au tableau qu’il dresse des hommes… Sorry, nous ne sommes pas tous des sauvages prêts à fondre comme des oiseaux de proie sur la première femme en détresse venue, à lui promettre monts et merveilles juste pour l’attirer dans notre lit puis la faire retomber plus bas encore. Et les conseils que véhiculent ce livre sont juste, pour moi – qui aime autant le sexe que tout autre homme – une invitation à la débauche et à la dépravation. Prenons, pour simples exemples le fait qu’à la fin, l’héroïne s’offre des implants mammaires (‘le plus beau bijou qu’elle se soit jamais offert’, dit-elle) et demande des conseils vestimentaires à des prostituées. Pourquoi pas, mais de là à présenter cela comme l'œuf de Colomb...
La fin m’a particulièrement indigné. Je ne vous révélerai pas pourquoi – car peut-être avez-vous envie de le découvrir – mais il aurait tout aussi bien pu placarder une immense affiche vantant les mérites de ses séminaires. C’est d’autant plus dérangeant que certaines personnes plus influençables - et ayant peut-être été conquises, comme moi, par ‘Va au bout de tes rêves’ - pourraient prendre pour argent comptant ce qui est dit dans ce bouquin et s’inscrire illico pour un de ces séminaires. Je déplore particulièrement cette façon d’agir, de ‘racoler’ en quelque sorte. Ce livre devrait être accompagné d’une petite bande en dessous stipulant qu’il s’agit d’une œuvre publicitaire. D’autant plus qu’il dénigre quelque peu le travail des autres types de psy en expliquant que les méthodes traditionnelles ne servent pas à grand chose dans le cas présent. Idem pour les traitements contre le cancer.
On y répète en outre assez souvent que le prix payé est dérisoire face au changement radical de la vie de l’héroïne. Je me demande bien combien coûtent ces séminaires… En ce qui me concerne, si je devais perdre ma maison, mon travail et mes économies pour me relever d’une tentative de suicide, je me demande si je ne regretterais pas de m’être raté. Et je serais furieux qu’on ne m’ait pas donné le choix des dépenses…
Pourtant, je dois admettre que le livre n’est pas ennuyeux. Il est rédigé avec talent et les passages érotiques sont très croustillants. J’y trouve néanmoins le manichéisme exagéré. Femmes en mal d’amour et séducteurs-prédateurs. Le tout orchestré par une galerie de personnages prétendument thérapeutes et tous plus farfelus les uns que les autres (un sexologue a-t-il pour coutume de coucher avec ses patientes ? ). Certains passages crus (‘bites’, ‘baiser’, ‘cul’) m’ont également dérangé, surtout de la part de l’auteur qui a réalisé le merveilleux livre qu’est ‘Va au bout de tes rêves’. ‘N’y allez surtout pas’ n’y ressemble – à mes yeux – en rien. Autant le premier m’avait transporté et avait véritablement changé ma vie, autant le second m’indigne, mais peut-être que j’en attendais trop. J’avais envisagé de lire ‘Le premier et le dernier miracle’, autre livre de M. Filissiadis que je n’avais pas lu, mais je m’abstiendrai. Si je veux des caricatures, je regarderai les dessins de Kroll. Ils sont plus subtils.
Une fois encore, cet avis n’engage que moi. C’est surtout la fin et le dénouement digne d’une comédie de Molière (avec l’ensemble de la troupe et les ‘rappels’ publicitaires de la page 331, qui décrivent les séminaires organisés par l’auteur) qui m’ont laissé cet arrière-goût amer.
Marc Florian - - 55 ans - 3 juillet 2007 |