Dans l'enfer des tournantes
de Samira Bellil

critiqué par CCRIDER, le 11 mai 2004
(OTHIS - 76 ans)


La note:  étoiles
Un récit bouleversant
Un témoignage brûlant sur la réalité de la vie de banlieue quand on est une fille un peu paumée et surtout quand on n'a pas le soutien de plusieurs "grands frères" pour vous "protéger" .
Garges les Gonesse . Samira a 14 ans . Elle est la fille d'un algérien alcoolique , porte-flingue du FLN , ex-taulard et d'une mère , elle-même femme battue qui n'a 'rien pu faire pour sa fille à part la mettre 5 ans en Belgique , dans une famille d'accueil qui sera la seule à lui prodiguer un peu d'amour et lui faire mener une vie "normale" . Sa mère la récupère et Samira se retrouve en butte avec son père qui la frappe et la jette dehors même en pleine nuit alors qu'elle n'a que 11 ou 12 ans . S'en suit une série de bêtises : fugues , vols , petites filouteries . Samira essaie d'exister . A 14 ans , elle accepte de coucher avec le "caïd" de la cité voisine de Garges qui se moque bien d'elle et l'oblige à se contenter , pour leurs ébats d'un vieux canapé puant dans une sordide cave d'immeuble dans les odeurs d'essence et d'urine . Elle se retrouve perdue de réputation car dans la cité , une fille bien reste vierge jusqu'au mariage et ne zone pas en soutenant les murs . Elle doit rester chez elle , faire le ménage , la vaisselle etc ... Samira n'est plus qu'une "taspé de cave" ...
Tout cela finit par une série de viols délicatement appelés "tournantes" et toutes les conséquences qu'il faut découvrir dans le livre .
Sachez simplement qu'il faudra quatorze ans à Samira pour arriver à remonter de sa descente aux enfers . Elle commencera par s'auto-détruire car elle se sentira d'abord coupable . Il lui faudra faire soigner son physique et son mental . Heureusement , elle rencontrera une psychologue qui l'aidera à se reconstruire , un avocat qui obtiendra la revision de son premier procès et finalement une journaliste qui lui permettra d'écrire ce livre , thérapie définitive qui la remettra enfin sur les rails d'une vie normale .
On a droit au passage à de longs développements de type freudiens sur ses rapports au père à croire qu'elle en veut plus à ce dernier qu'à ses différents violeurs . Un peu d'abus de langage " banlieue" : " ça kiffe grave !" , mais pas trop .
Un livre à lire si l'on veut se faire une idée réaliste sur la vie des cités . Ceux qui y vivent savent que c'est bien comme elle dit . " La banlieue , finalement c'est pas si mal et y a pas que des salauds . D'ailleurs , elle y vit toujours ."
Dingue 10 étoiles

On ne peut pas imaginer que quelqu'un peut vivre cela!!
Témoignage choc qui vous met face à la réalité des cités hélas.
Lecture très prenante qui nous montre la réalité des banlieues mais surtout le courage de Sam.
Comme réagiriez vous?

A lire absolument

Gab2008 - brest - 45 ans - 16 septembre 2008


RESPECT 10 étoiles

J'ai lu ce livre cet été, et franchement il m'a bouleversé. C'est dur mais réaliste. ce que j'ai aimé dans ce livre c'est qu'il n'y a pas de tabou, elle ne se dit pas "j'vais pas raconter ça parce que ça va choquer", ou bien "j'vais pas dire ci parce que j'ai honte", elle dit vraiment la vérité jusqu'au bout. On comprend réellement ce que le mot "viol" veut dire.
Ce témoignage lève le voile sur un phénomène qu'on ne peut pas nier dans les cités, cela dit, je pense qu'il ne faut pas généraliser, car en lisant ça on a tendance à se dire "voilà ce que c'est que d'habiter en cité" et je pense que ce n'est pas ce veut l'auteur. Il ne s'agit pas de diaboliser les banlieues françaises, mais plus de lever le voile sur un gangrène qui ronge les quartiers, croyez-moi, j'ai vécu pendant 10 ans dans une cité, et je peux vous dire qu'il y a là-bas un esprit de solidarité que l'on ne trouve nulle part ailleurs.
pour finir, je dirais que la vie est injuste, car c'est nous qui allons profiter aujourd'hui de ce qu'elle a accompli pour nous hier. Un cancer l'a emportée il y a plus d'un an, emportant avec elle un témoignage vivant, heureusement, elle laisse derrière elle ce livre qui nous oblige à ne pas l'oublier, à ne pas oublier que les "tournantes" sont encore banalisées.
SAMIRA, TU N'AS PAS VECU POUR RIEN.
Le plus bel hommage qu'on puisse rendre à l'auteur, c'est de lire son livre. Il ne faut pas avoir pitié d'elle, il faut juste ne pas oublier ce qu'elle a vécu.
PAIX A TON AME, ON T'OUBLIE PAS.
Pour la sincérité, pour la force, pour la courage de son témoignage, 5 étoiles.
Je finirais par le seul mot qui qualifie vraiment le livre de l'auteur :
RESPECT.

Visuelle - - 31 ans - 29 janvier 2006


Quel que soit le prénom... 10 étoiles

Que la victime soit Jeanne, Samira ou Amélie, qu'importe? La violence est toujours odieuse, quelle qu'en soit la victime. Si celle-ci de surcroit appartient à une culture pour laquelle une femme ayant perdu sa virginité devient pour le restant de sa vie une "taspé", la destruction de la personne y devient particulèrement horrible, et c'est ce que raconte Samira. D'ailleurs, elle en est morte. Faire une histoire raciste anti-immigrée ou anti-gauloise là où il n'y a en fin de compte qu'un acte criminel sordide, c'est soit se tromper de cible, soit tromper son monde.
Cinq étoiles par respect du témoignage.

Le rat des champs - - 74 ans - 15 décembre 2005


Moyen 4 étoiles

Samira dénonce l'enfer des tournantes, mais son cas est unique. Pour avoir été le PREMIER en France a dénoncer les tournantes, les victimes de celles-ci s'appellent FAUTE DE MIEUX Samira. Dans la plupart du temps, les victimes s'appellent Jeanne, Marlène, Nolwenn, Elodie, Amélie pour reprendre des cas récents...

Il y a un caractère raciste dans les tournantes que la presse commence seulement à admettre (voir récemment Cécile Gabizon dans le Figaro qui m'a allègrement pillé). Cela dit, un tabou se lève, c'est toujours ça de pris... mais ce livre est hélas le fruit d'une double instrumentalisation : négation du racisme anti-gualois récurrant en banlieue ; diabolisation du monde musulman.

Enzo - - 55 ans - 13 décembre 2005


Dur! 8 étoiles

J'ai refermé ce livre hier soir et son histoire m'a bouleversée.

Ce livre est important. Par ce dont il témoigne et qu'il nous faut combattre...

D'un point de vue un peu plus léger j'aime beaucoup sa critique de "Ca se discute .. "

Jo - Quelque part au coeur des Ardennes - 48 ans - 13 avril 2005


l'enfer 10 étoiles

un livre dur, trés dur! samira a eu du courage...samira est morte aujourd'hui... elle était forte et elle a vécu une chose horrible... honte à cela, honte à ces soi-disants "hommes" qui se croient tout permis.

Mukhlah - - 40 ans - 19 mars 2005


très touchant 10 étoiles

j'ai trouvé ce livre très triste, l'auteur exprime vraiment la souffrance qu'elle a vécu, en plus je viens d'apprendre son décès suite à une grave maladie, cette fille n'avait pas de chance, en espérant qu'au ciel elle sera heureuse

Giallion - - 41 ans - 27 février 2005


Récit touchant 8 étoiles

J'ai lu cette histoire très vite car c'est très prenant. Je compatis tout à fait. Elle n'a vraiment pas eu de chance, et j'espère que maintenant elle réussit à prendre sa revanche.

Kreen78 - Limours - 46 ans - 6 décembre 2004


moins seule 9 étoiles

Ce livre m'a beaucoup apporté. J'en ai extrait des passages que je relis périodiquement. En effet l'expression de ses ressentis profonds m'aide à savoir que je ne suis pas folle mais que je souffre et que je n'arrive pas à me faire entendre. Que, comme elle, je n'arrive pas à mettre des mots sur ma souffrance.

Lectrice - Pas de calais - 50 ans - 8 octobre 2004


Purement vraie 10 étoiles

Son coeur se libère, sa douleur s'exprime, ses larmes coulent... Un modèle pour bien des jeunes
A noter la sincérité de la douleur... par laquelle on finit par être possédé

Berivan - - 37 ans - 6 juillet 2004