La Maison de l'Autre Cote du Lac
de Hélène Delhamende

critiqué par Catinus, le 30 septembre 2017
(Liège - 72 ans)


La note:  étoiles
Brillant !
A quatre ans, Diégo est sur une plage de Thaïlande avec sa mère. Alors qu’il sort de sa baignade, l’enfant ne retrouve plus sa mère. L’hôtel, la police interviennent mais il faut se rendre à l’évidence : la femme a disparu, sans laisser aucune trace.
Diego a maintenant dix-sept ans. Il vit à la Maison Heureuse de Saint-Roch, un institut géré par la Ddass (enfants orphelins ou abandonnés) situé près d’un Lac, en Suisse. De l’autre côté de ce lac, est une maison habitée par les Romanski – Amalia et Abraham - . Diego va faire leur connaissance…
Pour suivre, on pourrait insérer ici un passage du roman : « Une grille, un jardin indien, Amalia. Puis un amour scindé en deux. Pour la mère, pour la fille. Une fille qui m’emmène aux Etats-Unis pour retrouver une autre mère qui s’est elle-même perdu à l’autre bout du monde. » Vous froncez peut-être les sourcils, ami lecteur. Ne craignez rien ! L’histoire est très clairement racontée. Mais vous l’avez compris également : Diego est prêt à tout pour retrouver sa mère disparue. Vous irez également de surprise en surprise, jusque et y compris la fin inattendue …

Grâce à ce deuxième roman, il semblerait qu’Hélène Delhamende ait trouvé, sa place dans la littérature. Elle se situe à équidistance entre celles de Muriel Cerf et Amélie Nothomb. Ce qui n’est pas rien.
Brillant !


Extraits :

* - Voici la terrasse et la véranda … Là, c’est ce que j’appelle la volière …
Dans cette cage de verre, je cherche les oiseaux, mais n’y trouve qu’un étrange instrument de musique qui y trône comme un paon. Un énorme oiseau domestique, glorieux, d’un beau plumage, qu’on appelle communément piano à queue.

* Amelia, ce physique de Marthe Keller couplé à la beauté froide d’Isabelle Huppert.

* C’est sous ce lampadaire de fortune que je tombe amoureux pour la première fois. Et curieusement, c’est d’une âme dont je m’éprends.

* Je suis loin de Saint-Roch. (…) Je suis loin des parfums de ma geôle. Au pensionnat, ça sent l’habitude, le rythme des saisons, la Bible. Tout est imprégné de Dieu. Parfois, ces parfums me reviennent. Je sens glisser sous mes doigts les feuilles douces de l’Evangile, les bancs de la chapelle passés à la cire. J’entends nos pieds battre le parquet du dortoir. En rang, en silence. J’entends la cloche du matin.

* Parce que le chien aussi, abandonné lâchement sur le bord de la route, s’inquiète toujours pour ses maîtres et espère qu’ils ne se sont pas perdus …

* Faut-il croire ce que l’on voit ou voir ce que l’on croit ?

* Je caresse une dernière fois mon ouvrage, comme l’on s’éprendrait d’une peau ou d’un tissu. Le livre, à force d’être frôlé, semble tout à coup prendre vie sous mes doigts. La couverture s’anime, les chapitres se réchauffent. Les mots s’habillent, parlent, respirent. A chaque page, les personnages se détachent des phrases, de la fiction. Ils sont là, à côté de moi. Je pourrai presque leur offrir un verre. Le livre vit, mais je n’ose plus l’ouvrir de peur que ses habitants s’en échappent .

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En bonus :

* Lire un extrait :
https://edilivre.com/frontwidget/preview/…

* Une interview sur RTC, tout particulièrement à partir de la 13 ème minute :
https://rtc.be/video/info/…

* La page Facebook de l’auteur :
https://www.facebook.com/delhamende.helene?fref=ts

* En illustration musicale, nous aurions pu placer une chanson des Doors, un air de Miles Davis ou de Chet Baker, la chanson de Trenet « que restent-ils de nos amours », etc., tout cela étant évoqué par Diego le narrateur de ce roman. Voici tout autre chose :
https://youtube.com/watch/…