Généalogie du fascisme français. Dérives autour du travail de Zeev Sternhell
de Armin Mohler, Robert Steuckers

critiqué par Vince92, le 19 décembre 2023
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Zeev Sternhell?
Ce petit opuscule de 60 pages regroupe deux textes: l'un d'Armin Mohler, l'historien de la droite révolutionnaire allemande, le texte étant paru dans la revue Criticon en 1983. L'autre est de Robert Steuckers, essayiste politique belge placé sur l'échiquier politique dans le camp nationaliste. Le tout est édité aux Editions du Lore, maison d'extrême-droite.

Armin Mohler dresse une recension de l'ouvrage de Zeev Sternhell, Ni droite no gauche qui fait de la France le berceau de l'idéologie fasciste. Le théoricien allemand se réjouit du renouvellement de l'historiographie de cette idéologie et semble appuyer le fait qu'elle soit née en France nonobstant que ce pays n'a jamais connu de régime clairement fasciste ni même abrité de formation se réclamant clairement du fascisme (n'était-ce le PPF de Doriot).
Cependant, c'est en France que cette "Troisième voie" qui se caractérise par un rejet du libéralisme (donc révolutionnaire) et s'attache à l'idée de nation (donc anticommuniste) progresse.
Mohler est d'accord avec Sternhell pour dire que les animateurs du cercle Proudhon, issus de l'AF et des cercles socialistes comme Sorel ont été à l'origine de cette idéologie nouvelle dont la filiation se retrouve à la fois dans le marxisme et le nationalisme barèsien.
Le petit essai de Robert Steuckers est également intéressant qui reprend le cheminement historiographique de la naissance de l'idéologie fasciste à la lumière du "best-seller" de Sternhell. Steuckers reprend la trame du livre de l'historien israélien en s'arrêtant sur des éléments critiques, les influences des intellectuels français de la fin du XIX eme siècle comme Vacher de Lapouge, Taine ou Jules Soury notamment. Même si Steuckers met en garde avec Claude Julien sur la faiblesse du travail d'historien (absence de sources notamment) ou la récupération politique de son travail par la droite libérale (Club de l'Horloge- un lien fascisme-socialisme étant clairement établi par Sternhell), l'essayiste belge se réjouit avec Mohler de cet essai qui a clairement renouvelé après Nolte les connaissances et les perceptions du public, profane et spécialiste de la question sur l'une des idéologies les plus importantes du XXe siècle.