La chambre des époux
de Éric Reinhardt

critiqué par Killing79, le 8 septembre 2017
(Chamalieres - 45 ans)


La note:  étoiles
Belle écriture pour texte inconsistant
Présentation de l'éditeur
Nicolas, une quarantaine d'années, est compositeur de musique. Un jour, sa femme Mathilde apprend qu'elle est atteinte d'un grave cancer du sein qui nécessite une intense chimiothérapie. Alors que Nicolas s'apprête à laisser son travail en plan pour s'occuper d'elle, Mathilde l'exhorte à terminer la symphonie qu'il a commencée. Elle lui dit qu'elle a besoin d'inscrire ses forces dans un combat conjoint. Nicolas, transfiguré par cet enjeu vital, joue chaque soir à Mathilde, au piano, dans leur chambre à coucher, la chambre des époux, la symphonie qu'il écrit pour l'aider à guérir.


Mon avis: Eric Reinhardt m’avait envoûté avec son précédent roman « L’amour et les forêts ». C’était la première fois que je le lisais et j’en suis ressorti enchanté. J’avais découvert sa belle écriture aussi exigeante que poétique. Il avait même réussi à me passionner pour une histoire d’amour et de maladie, deux thèmes qui ne font pas vraiment parties de mes sujets de prédilection. En fermant les dernières pages, je m’étais alors dit que je venais de lire le grand livre d’un grand écrivain.

Dans cette dernière réalisation, l’auteur s’attaque une nouvelle fois aux ravages de la maladie. Il nous emmène dans le passé et nous raconte toutes les conséquences de ce drame sur sa famille. Au centre du roman, il utilise une mise en abîme qui lui permet de fantasmer son destin en accentuant les traits et embellissant les sensations. Le roman étant court, cette seconde partie n’est finalement qu’une copie de la première et devient de fait quelque peu répétitive. L’histoire semble tourner en rond.

Là où « L’amour et les forêt » se présentait comme un hommage au combat d’une femme face à son destin, « La chambre des époux » est beaucoup plus personnel et par le fait plus autocentré. L’auteur ne s’attarde que sur ses propres sentiments, certes avec talent, mais oublie en route les vraies victimes. A l’instar de certaines critiques, je trouve ce texte peut être un peu trop égocentrique. En parlant uniquement de lui, le narrateur semble vouloir laisser un témoignage, pour se libérer de ses démons. Cette délivrance apparaît alors plus indispensable à son auteur qu’à ses lecteurs.
La plume d’Eric Reinhardt reste tout de même au top niveau. A part certains tics de langage légèrement lassants (répétition à outrance de détails dans plusieurs phrases consécutives), il nous livre de belles lignes et de belles pages dont il a le secret et que l’on relit juste pour la forme.

En conclusion, je sors déçu par le manque d’intérêt de l’histoire même si c’est toujours un plaisir, pour un amoureux des mots comme moi, d’explorer une langue si bien maîtrisée.
Mi figue mi raisin 6 étoiles

Oh que j'avais adoré "L'amour et les forêts" et que j'avais hâte de le rencontrer à la libraire Chapitre.be de Louvain-La-Neuve.

J'avais adoré la lecture du premier chapitre et "La chambre des époux" a rejoint ma PAL dès la rentrée littéraire, l'envie de le lire était très grande. Malheureusement je suis en demi-teinte au terme de la lecture du récit. Ce n'est que mon avis, je vous explique.

Eric Reinhart nous raconte aujourd'hui un événement autobiographique. En 2006 il apprend que sa femme est atteinte d'un cancer du sein stade 4. Il est en pleine écriture de "Cendrillon", il "rame" depuis deux ans, a écrit 300 pages de son livre qui en comptera le double. Son épouse lui demandera de terminer son livre dans les trois mois le temps nécessaire pour elle de combattre son cancer.

Ainsi, c'est en communion qu'ils combattent chacun ; lui son livre, elle la maladie. Cette épreuve va les rapprocher, rendre cet amour encore plus beau, encore plus fort. Seulement voilà, les émotions que je pensais retrouver à l'écriture, je ne les ressens pas, j'ai l'impression de lire des dizaines de pages où l'auteur tourne autour de son nombril, c'est lui, lui et encore lui. Il se répète, c'est redondant, pénible à lire par moments (sans doute parce que je ne l'ai pas lu d'une traite mais dans les transports en commun?). J'ai voulu tenir bon car le quatrième de couverture me propose l'histoire transposée chez Nicolas et Mathilde.

Ce qu'il faut savoir c'est que quelque temps après la "rémission" de sa femme, il rencontre Marie qui elle aussi s'est battue contre le cancer. La maladie devait l'emporter mais elle a vaincu. Il est attiré vers elle de façon irrémédiable... et à partir de là, son armure craque, les digues lâchent et il devient fragile, triste, pleurant toutes les larmes de son corps, proche de la dépression.

Je comprends la démarche de l'auteur pour ce roman, il veut je pense montrer que le combat contre cette maladie peut aussi amener à des souvenirs heureux, ce que l'on peut aimer, désirer intensément un corps malade.

Il veut parler sans tabou, dire à ceux qui passent par là que l'amour est le plus beau.

J'ai adoré le premier chapitre écrit en 2007 pour les Inrocks et la fin du roman. Par contre, je n'ai pas trop accroché au reste, trop narcissique, nombriliste. J'ai trouvé certains passages très "malaisants" à la lecture, je n'ai pas vraiment trouvé l'apport de l'art pour sauver ces vies, suis passée à côté. Une grosse déception pour moi qui avait sans doute trop d'attentes sur cette lecture.

L'écriture est bien rythmée, magnifique mais cela n'a pas suffi.

Ce n'était peut-être pas le bon moment pour moi.

Ma note : 7/10

Les jolies phrases

À mes yeux Marie était la seule personne autour de la table à être en vie. Les autres ne l'étaient pas, les autres étaient tous morts, et ils étaient tous morts de n'avoir pas frôlé la mort, de ne pas être revenus à la vie, et de n'avoir jamais compris de l'intérieur ce que cela signifiait d'être en vie. Être revenue à la vie avait fait que Marie était en vie, vraiment vivante.

Décider d’être deux plutôt que seul, fusionner et être plus fort et plus intelligent, plus enjoué, plus déterminé, plus patient, plus réfléchi, plus résistant, plus ingénieux, plus perspicace sur le chemin de sa vie parce qu’on est deux, parce qu’on a choisi d’emprunter à deux le même chemin tout en gardant ses rêves à soi et des visées distinctes, c’est une façon comme une autre, je crois, de concevoir l’amour, peut-être aussi la plus belle, peut-être même la seule en réalité.

Je me suis dit que le pire n'était pas tant la maladie, dont s'occupaient désormais les médecins, que l'effroi, l'angoisse, une panique dévastatrice. J'avais peur qu'elle ne s'abandonne à son mal. Elle était déjà partie pour une croisière fatale dans les ténèbres. C'est contre ça, je l'ai compris, que nous devions lutter. Car cette croisière et le cancer dont elle ferait son océan nocturne pourraient fort bien nous engloutir.

Mon corps est comme un monde sans saisons. Or les saisons sont importantes pour moi. Là on est en janvier et j'y pense tout le temps, j'ai hâte que le printemps revienne, je m'en réjouis d'avance, je pense à mon jardin, aux fleurs, à mes plantes, aux arbres, on ne peut pas vivre sans cycles, mon corps a perdu ses cycles en l'espace de six mois, sans préavis.

Ce ne sont pas les musiciens que tu dirigeais, mais l'orchestre symphonique de mon organisme.

L'amour n'a jamais été autre chose qu'une putain de folie qui t'envahit, c'est une force qui s'empare de ton esprit, qui annihile ta volonté, qui l'asservit, je ne vais pas t'apprendre ça à ton âge, tout de même.

Nathavh - - 60 ans - 17 décembre 2017


vaincre un cancer 8 étoiles

La chambre des époux ; lieu d'intimité principal du couple, lieu de réflexion du couple.
Nicolas est compositeur et interprète de musique classique ; sa femme Mathilde est atteinte d'un cancer avec toutes les complications que peuvent causer la chimiothérapie. Ils luttent ensemble contre la maladie et Nicolas trouve l'énergie nécessaire dans la création artistique. Il rencontre Marie qui lutte aussi contre cette terrible maladie. L'auteur Eric aussi nous livre son combat, son épouse Margot est atteinte du même fléau.
Eric Reinhardt nous livre avec beaucoup de sincérité son ressenti profond par rapport à cette terrible maladie ; il en ressort un courage remarquable et émouvant.

Ddh - Mouscron - 83 ans - 7 novembre 2017