Qui ne dit mot consent
de Alma Brami

critiqué par Nathavh, le 29 août 2017
( - 60 ans)


La note:  étoiles
Une pépite. Huis-clos psychologique
Premier gros coup de coeur de la rentrée. Une plume que je ne connaissais pas et que j'ai bien envie de relire. C'est le septième roman d'Alma Brami.

Elle nous propose un huis clos psychologique. Quelle claque !

Emilie est tombée dans le piège de son couple. Quelle belle écriture ! La tension est palpable au fil du récit, elle monte. Une lecture addictive, Emilie, l'héroïne du roman restait au coeur de mes pensées et j'avais hâte de la retrouver pour connaître la suite, voir jusqu'où il est possible d'aller par amour..

Emilie a suivi son mari Bernard à la campagne avec ses deux enfants. La citadine qu'elle était a tout laissée tomber car "Il" avait décidé que ce serait chouette, la maison avec la vigne, sa table en bois, les tomettes rouges du salon et la chambre d'amis. Elle l'a suivi car quand Bernard décide, c'est bien. Il l'aime et c'est le principal, il sait lui ce qui est bon pour elle.

Bernard a ensuite décidé que ce serait chouette qu'elle ait une amie, quelqu'un pour lui tenir compagnie. Alors Emilie et Bernard vont accueillir leur invitée Sabine à la gare. Il dit à Emilie que ce sera top, une copine, quelqu'un pour l'aider...

Emilie se souvient, la première fois : Elsa - la jument -, lorsque les enfants étaient petits..., ils ont quittés la maison aujourd'hui.

Mais que se passe-t-il vraiment dans cette maison ?

Je ne vous en dirait pas plus. C'est passionnant, tendu, flippant, interpellant. J'avais envie à plusieurs reprises de secouer Emilie, de lui dire "Remue-toi, fais quelque chose, réagis ..." mais l'amour, l'admiration, non que dis-je l'emprise de son mari, de son couple est tellement forte. Emilie est aveuglée par l'amour qu'elle porte à Bernard.

Un roman qui nous démontre les effets pervers d'un manipulateur. Cela m'a secouée. Quelle force dans la manipulation.

C'est magnifiquement écrit, cela tient en haleine, l'autrice nous parle avec beaucoup de réalisme de ce qui était inimaginable pour moi mais qui malheureusement existe plus souvent que l'on ne le pense.

Le déni de la situation, l'impossibilité d'agir, cette emprise trouvant toujours une belle excuse au bourreau.


Un livre choc qui ne laisse pas indifférent.

Immense coup de coeur. ♥


Les jolies phrases


J'aurais aimé qu'il redevienne l'homme fragile qui s'aggripait à moi, comme un radeau de fortune. J'aurais aimé qu'il craigne de me perdre, qu'il soit jaloux à son tour, la même jalousie que j'éprouvais, celle qui consume, qui détruit.

Il était si gentil, si aimant, il ne me manquait rien. Je devenais une femme pathétique, il avait raison, il falait que je me reprenne. Après ce serait trop tard.

Plus les enfants étaient bruyants, moins j'vais peur. Il m'abandonnerait peut-^tre mais ne les abandonnerait jamais, eux. J'avais de précieux otages, il reviendrait forcément, je pourrais me racheter.

Ma chérie, la clef d'un mariage réussi, c'est la politique des petits singes, on fait semblant de ne pas voir, de ne pas entendre, et on ne pose aucune question, m'avait enseigné ma belle-mère.

Mon mari me rapportait ses proies, comme un chat victorieux qui dépose aux pieds de son maître un oiseau, un lézard ou un mulot.
Du vaudeville à Hitchcock 8 étoiles

"Qui ne dit mot consent " d'Alma Brami (176p)
Ed. Mercure de France

Bonjour les fous de lectures….
Voici un huis-clos assez désarmant où le lecteur assiste impuissant à la descente aux enfers d'Emilie.
Sous prétexte d'une vie meilleure, le mari d'Emilie la convainc de quitter la ville pour la campagne.
Un étrange ballet se met alors en place dans lequel Emilie se voit contrainte d'accepter les " amies" de son époux sous prétexte de lui donner un peu de compagnie.
Emilie ne dit rien, accepte tout avec le sourire sachant que les " amies" passent, défilent mais que elle, elle reste.
Elle sait qu'en fait , son homme se lasse très vite .
Une autre amie, encore une autre ..; Emilie ne dit toujours rien.
Etrange puzzle où les pièces s'emboitent petit à petit.
On a envie de secouer Emilie, de lui dire de fuir devant ce piège qui se referme de pus en plus sur elle.
Pourquoi n'en a-t-elle ni la force ni l'envie ? Parce que le bourreau est un sacré manipulateur tout simplement. Il lui suffit de quelques mots pour que tout rentre dans l'ordre qu'il a instauré.
Ce huis clos sur les relations toxiques, qui aurait pu être un vaudeville, monte en puissance et prend des allures hitchcockiennes qui nous laissent à la fois terrifiés et songeurs.
Voici un long monologue d'une femme perdue face aux manipulations perverses de son mari.
Voici un roman anxiogène
Récit d'une descente aux enfers où il est démontré que les mots sont parfois plus violents et destructeurs que les coups.
A découvrir.

Faby de Caparica - - 62 ans - 30 décembre 2019