Regis
de James Osmont

critiqué par Ayor, le 25 août 2017
( - 52 ans)


La note:  étoiles
À fuir !
Avant de rédiger cette critique, je tiens à préciser que tout comme l’auteur, je suis également soignant en psychiatrie.

J’espère ne jamais devenir un collègue direct de James Osmont, tant son message est négatif, je lui souhaite même de changer de service, voire de métier tant il paraît blasé par ces années passées en psychiatrie.

Cette spécialité ne jouit pas d’une bonne image auprès du grand public, faisant régulièrement les « choux gras » des journalistes, rendant la population méfiante vis-à-vis de ces patients en souffrance et qui pour la plupart sont en demande de soins. Même les collègues œuvrant dans les services dits « généraux » ou somatiques ont une image négative, voire carrément tronquée de ce qui se passe dans les unités de soins psychiatriques. Alors quand je lis ces mots peu flatteurs concernant les soins délivrés ou proposés, et surtout sans espoir, j’invite les futurs soignants, quels qu’ils soient d’ailleurs, à s’éloigner vivement de ce roman. C’est sombre, désespérant et même parfois révoltant, car inévitablement l’auteur puise son inspiration dans son vécu et ses expériences. Malheureusement cela serait trop long de tout énumérer tant les situations sont nombreuses.

Arrivons maintenant au cœur du sujet. Il ne s’agit pas réellement d’un thriller psychologique comme annoncé sur le quatrième de couverture, mais plutôt de la biographie d’un patient schizophrène, dont les symptômes sont déjà bien enkystés.
Les chapitres sont très courts et parsemés d’une multitude de paroles de chansons dont se nourrit quasi continuellement Régis. Un peu c’est bien, mais là l’auteur en abuse plus que de raison et finit par saouler voire perdre ses lecteurs tant cela n’en finit pas. De plus il ne fait qu’énumérer les mornes jours de Régis dans une unité de soins d’une tristesse absolue, et dirigée par un psychiatre dont seules les ambitions et la tranquillité comptent. Le reste des soignants n’est pas mal non plus, tout du moins si l’on aime l’incompétence et la caricature grossière et donc peu flatteuse qu’il étale devant nos yeux.
Il écrit donc la morne vie de ce patient institutionnalisé depuis plusieurs années, ce qu’il ressent ou perçoit de la réalité, ou du moins de sa réalité ; n’arrivant que dans les ultimes chapitres à créer un semblant de suspense et de tension. Cela ne tient pas la distance, tant les répétitions sont nombreuses et qu’au final l’histoire ne propose pas grand-chose.

James Osmont soigne son style, il en fait même des caisses, et a dû sans doute se gargariser lors de la relecture et pourquoi pas en se préparant devant son miroir avant de se rendre à son travail, sans la moindre motivation à n’en pas douter. Le vocabulaire psychiatrique est riche, et le concernant, curieusement, il n’en abuse pas et fournit des explications claires au besoin.

Moi qui me faisais un plaisir de lire un collègue soignant en psychiatrie, je suis très déçu et surtout en colère contre cet écrit (enfin plutôt son auteur) juste bon à stigmatiser encore et encore la psychiatrie.
Certes cette spécialité est perfectible, comme d’autres d’ailleurs, mais est-t-il nécessaire de la dénigrer autant, tout comme les agents qui y travaillent d’ailleurs. Des moments difficiles il en existe, comme dans toutes les professions je pense, mais bien heureusement les sources d’investissement et de satisfaction sont également bien présentes, sinon à quoi bon !

À éviter… ou fuir. Et dire que j’ai acheté les deux suivants…