La ferme (vue de nuit)
de Anne-Frédérique Rochat

critiqué par Nathavh, le 21 août 2017
( - 60 ans)


La note:  étoiles
La ferme (vue de nuit)
C'est avec beaucoup de bonheur que je retrouve la plume d'Anne-Frédérique Rochat qui nous propose son sixième roman.

Il y a quelques jours, Annie a reçu un courrier. Elle a reconnu l'écriture d'Etienne, son premier amour, sur l'enveloppe. Celle-ci ne contenait qu'un simple carton blanc.

Elle arrive aujourd'hui à la "ferme", une construction faite de grandes baies vitrées et de stores automatiques, moderne à l'époque. Elle se nomme "la ferme" mais n'a rien à voir avec cela, elle évoque la campagne, la nature, l'éloignement. Cette maison particulière est en quelque sorte un personnage à part entière du roman. Elle génère un malaise pour Annie qui se sent vue de tous. Mais de qui ? rétorque Etienne, il n'y a personne qui passe par ici... Un sentiment de protection pour Etienne mais revenons à nos moutons.... euh enfin je veut dire à notre lama, Lucien... (animal de compagnie d'Etienne qui prendra aussi sa place dans le récit ) qui fera connaissance avec Annie .... je m'explique

Annie escalade péniblement le grand escalier. C'est l'été, il fait torride. Elle n'est pas venue depuis quinze ans et l'ascension de cet escalier est interminable. Arrivée au sommet, elle perd connaissance et est "réveillée" par Lucien - la lama - (vous me suivez) qui lui lèche le visage. Voilà vous avez fait sa connaissance...


Elle qui voulait faire bonne impression à Etienne, est toute "chiffonnée", en sueur, décoiffée, plaine de salive du lama.... c'est pas vraiment ce qu'elle espérait mais bon.

Elle va sonner, retrouver Etienne quinze ans plus tard, mais pourquoi est-elle là ? Peut-on tout recommencer ?, reprendre les choses où on les avait laissées ?

Annie se souvient de leur rencontre, du début de leur histoire. Elle avait à peine 20 ans, elle venait de perdre sa mère et ne connaissait pas son géniteur !

Un très beau récit empreint comme toujours de beaucoup de sensibilité, au profond des sentiments de chacun. Anne-Frédérique Rochat nous parle de l'attirance physique, de l'accord parfait entre Annie et Etienne mais aussi de la parentalité, du choix de devenir parents, de l'absence. Elle nous parle des blessures intimes, d'un amour infini, d'un malaise à la proche de sujets intimes.

Il y a une question qui fâche entre eux, qu'en est-il des années plus tard ? Change-t-on ?

Un très beau récit, une écriture qui nous propose des allers-retours dans le passé, qui pose aussi question sur la solitude, sur le sens à donner à la vie, sur l'amour exclusif...

J'ai eu envie de secouer Etienne, un peu bourru, fermé parfois et de lui dire mais qu'est ce que tu attends, vas-y fonce.

Un joli coup de coeur.

N'hésitez pas ce roman est vraiment touchant.


Les jolies phrases

C'est normal de s'ennuyer, ça fait partie de la vie, et c'est le meilleur moyen d'apprendre à rêver.

Cet endroit n'a de maison que le nom. En réalité, c'est une boîte à bonbons, Tic Tac et compagnies ; un cube transparent entre les arêtes duquel on pourrait, s'il en existait de suffisamment grandes, glisser des photos souvenirs. Ce qui aurait le mérite de nous abriter du monde extérieur.

Et alors, j'aimais mon métier, je n'en avais pas honte, c'est un beau métier : être au service des autres, tout le monde n'en est pas capable, il faut être fort et humble à la fois !

C'était un trésor qu'elle portait en son sein, un trésor plein de chagrin, mais un trésor quand même. A ne partager qu'avec quelqu'un qui serait à la hauteur de sa douleur.

L'aimer a été la chose la plus extraordinaire, la plus importante de mon existence, elle restera mon grand amour.

Les mots peinaient à sortir, comme s'ils étaient trop gros pour une si petite bouche, ou alors trop acides, trop brûlants, si tranchants qu'ils seraient capables en remontant de lui déchirer l'oesophage.