Le Magasin d'antiquités: Tome 1
de Charles Dickens

critiqué par Dirlandaise, le 20 août 2017
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Sur la route
Classique de la littérature anglaise, ce quatrième roman de Charles Dickens raconte les aventures d’une jeune fille de quatorze ans Nell Trent et de son grand-père possédant un magasin d’antiquités. Celui-ci adore sa petite fille et, craignant de la voir sombrer dans la pauvreté lorsqu’il ne sera plus là, décide de tenter sa chance et emprunte de grosses sommes à un sombre usurier répondant au nom de Quilp afin de pouvoir jouer aux cartes. Malheureusement, il perd tout et son magasin tombe aux mains de Quilp qui s’y installe effrontément pressant le vieillard et sa petite-fille de libérer les lieux le plus tôt possible. Nell ne supportant plus cette situation pénible, décide de prendre la route avec le vieillard et de vivre de mendicité. Au gré de leur périple, ils rencontrent une foule de personnages, certains bienveillants, d’autres moins.

Malgré sa notoriété, je n’avais jamais lu de romans de Dickens et je suis enchantée de ma lecture. L’auteur est un formidable raconteur et plonge le lecteur dans un monde romanesque qu’il est difficile de laisser la dernière page refermée. Autant les descriptions de lieux que les différents personnages et les intrigues donnent une saveur particulière à ce récit se déroulant à Londres et ses environs dans les années 1820. Cette histoire pathétique baigne dans une atmosphère tantôt remplie d’espérance, tantôt sombre et dénuée de tout espoir. Les obsessions de Dickens pour les contrastes tels que richesse et pauvreté, innocence et fourberie, optimisme et désespoir, jeunesse et vieillesse, vie et mort parsèment le texte lui donnant des airs de conte pour enfant sans vraiment l’être. On a reproché à l’époque le pathos de Dickens et je suis encline à faire la même constatation mais peu importe, ce roman nous emporte sur les routes en compagnie des deux personnages touchants que sont le grand-père et sa petite Nell adorée et nous fait vivre de beaux moments malgré la tristesse latente imprégnant toute l’histoire. Pour ma part la magie de Dickens m’a entrainée dans un tourbillon d’émotions et je suis heureuse d’entrer avec ce roman dans l’univers issu de l’imagination inépuisable du grand auteur anglais.

« C’était un lieu rempli de calme et où pouvaient croasser à l’aise les corbeaux qui avaient fait leur nid dans les branches de quelques vieux arbres gigantesques et s’appelaient l’un l’autre du haut des airs. Un premier oiseau, planant au-dessus de sa retraite sauvage et se laissant balancer par le vent, jeta son cri rauque comme au hasard, puis baissa le ton de sa voix comme s’il ne s’adressait qu’à lui-même. Un autre lui répondit, il appela de nouveau, mais plus haut encore. Alors d’autres cris s’élevèrent successivement ; et chaque fois le premier oiseau, animé par ces réponses, déployait plus de force dans ses appels. D’autres voix, silencieuses jusque-là, sortirent des branches en bas, en haut, au milieu, à droite, à gauche, et du sommet des arbres ; d’autres oiseaux, accourant des tours sombres de l’église et des ouvertures du beffroi, joignirent à ce concert leurs clameurs qui tantôt montaient, tantôt tombaient, tantôt fortes, tantôt faibles, mais toujours infatigables. Ils faisaient tout ce bruit en butinant çà et là, en sautant légèrement sur les branches, en changeant fréquemment de place : c’était la satire vivante des agitations sans but qui avaient troublé autrefois les âmes qui reposaient maintenant dans leur tombe, sous la mousse et le gazon, et des combats inutiles dans lesquels s’était consumée leur vie. »